Dotant un professeur de philo d'un stoïcisme féroce et joyeux, Fernando Aramburu donne à voir les vicissitudes d'un homme, apparemment sans qualités, qui entend mettre un terme à cette comédie tragique qu'est la vie. Pendant 365 jours, il consigne invariablement et sans filtre aucun les faits saillants de son existence : les rêves débridés et les petites misères d'un homme un peu dépassé par la marche du monde mais à la mauvaise foi inébranlable !
Véritable phénomène de société en Espagne (plus de 600 000 ex. vendus), «Patria» explore sur près de quarante ans - des années de plomb du post-franquisme jusqu'en 2011, quand l'ETA dépose les armes -, la douleur d'une population prise en otage par l'Histoire qui transforme potentiellement chacun en traître. Constitué d'une centaine de courts chapitres qui ressemblent à des contes, le roman possède une chronologie plus émotive que temporelle mais le "chaos" est magistralement ordonné pour que la fiction littéraire puisse aider à comprendre la vérité d'une époque.
S difícil empezar a leer las historias en principio modestas, de una engañosa sencillez de Los peces de la amargura, y no sentirse conmovido, sacudido ?a veces, indignado? por la verdad humana de que están hechas, una materia extremadamente dolorosa para tantas y tantas víctimas del crimen basado en la excusa política, pero que sólo un narrador excepcional como Aramburu logra contar de manera verídica y creíble. Un padre se aferra a sus rutinas y aficiones, como cuidar los peces, para sobrellevar el trastorno de una hija hospitalizada e inválida; un matrimonio, fastidiado por el hostigamiento de los fanáticos contra un vecino, esperan y desean que éste se vaya de una vez; un joven recuerda a su compañero de juegos, que luego lo será de atentados; una mujer resiste cuanto puede los asedios y amenazas antes que marcharse... A manera de crónicas o reportajes, de testimonios en primera persona, de cartas o relatos contados a los hijos, Los peces de la amargura recoge fragmentos de vidas en las que sin dramatismo aparente, de manera indirecta o inesperada ?es decir eficaz?, asoma la emoción y, con ella, la denuncia y el homenaje.
El vigilante del fiordo es un conjunto de ocho cuentos, alguno de los cuales prolonga la línea temática de la recopilación anterior, Los peces de la amargura (2006), centrado en historias patéticas o mordaces en torno a los problemas del terrorismo en el País Vasco
À la fin des années soixante, un garçon de huit ans part vivre à Saint-Sébastien, chez sa tante et chez son oncle. Il observe la façon dont s'écoulent les jours, dans la famille et dans le quartier : son oncle Vicente partage sa vie entre l'usine et la taverne, et c'est sa tante Maripuy, une femme à forte personnalité, qui en réalité gouverne la famille ; sa cousine Mari Nieves est obsédée par les garçons, et son rustre et taciturne cousin Julen, d'abord endoctriné par le curé de la paroisse, est enrôlé dans l'ETA (nouvellement créée). Le destin de tous les membres de la famille subira, des années plus tard, une terrible rupture.
En faisant alterner les mémoires du protagoniste avec les notes de l'écrivain, Années lentes propose une brillante réflexion sur la façon dont la vie se distille dans un roman et dont le souvenir sentimental devient mémoire collective.
B>'It's been a long time since I've read a book that was so persuasive and moving, so intelligently conceived.' - Mario Vargas Llosa/b>Miren and Bittori have been best friends all their lives, growing up in the same small town in the north of Spain. With limited interest in politics, the terrorist threat posed by ETA seems to affect them little. When Bittori's husband starts receiving threatening letters from the violent group, however - demanding money, accusing him of being a police informant - she turns to her friend for help. But Miren's loyalties are torn: her son Joxe Mari has just been recruited to the group as a terrorist and to denounce them as evil would be to condemn her own flesh and blood. Tensions rise, relationships fracture, and events race towards a violent, tragic conclusion . . . Fernando Aramburu's Homeland is a gripping story and devastating exploration of the meaning of family, friendship, what it's like to live in the shadow of terrorism, and how countries and their people can possibly come to terms with their violent pasts.
Le Salon des incurables est un recueil de douze nouvelles disparates par leurs thèmes, les lieux qu'elles traversent et le choix narratif adopté. Mais si elles ne sont reliées par aucun personnage récurrent, ni par un quelconque message délivré, elles constituent une galerie énergique de portraits tous plus effrayants et drôles les uns que les autres qui dévoilent une humanité se contorsionnant comme un clown, en proie à ses peurs, ses angoisses, sa folie et sa cruauté.
En effet quel lien peut-on trouver entre Avelino Armisén, un vieux garçon malheureux dont la confession à sa mère de sa masturbation a un effet inattendu et ce nigaud de Boni qui se sert d'un accidenté de la route pour nourrir sa création littéraire, ou encore entre Sonia Pereda, une respectable prof d'université, dont l'obsession pour ses mains pourries confine au grotesque et ce mari de 15 cm de moins que sa femme parti spéculer au très select Salon des Incurables sur la mort prochaine du mari de la voisine, atteint d'un cancer ? Que peuvent avoir en commun Silas, un patient abandonné dans un hôpital désert, et Coco, un grand gaillard crasseux, persuadé d'avoir trouvé la femme de sa vie, trop belle pour lui ? Rien, si ce n'est une alchimie secrète tissant ces destins de funambules, toujours en équilibre sur le fil d'une vie qui éveille les mauvaises consciences individuelles et collectives.
Ainsi ces récits orchestrent magistralement un humour noir, voire un cynisme savamment dosé avec une délicieuse amoralité qui tient en haleine le lecteur rendu témoin de la comédie et du ridicule universels. Il suffit de quelques mots pour que le rire spontané et cruel d'un enfant témoin de la chute d'un vieillard parvienne à transgresser le politiquement correct.