Dessinateur talentueux, maître graveur et peintre controversé, l'Américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903), qui partagea sa carrière entre Paris et Londres, est l'auteur de chefs-d'oeuvre atmosphériques misant sur l'harmonie des formes et des couleurs, la stylisation prenant rapidement le pas sur l'esthétique réaliste de ses débuts. Mondialement connu de son vivant, il est l'un des modèles du personnage d'Elstir d'A la recherche du temps perdu de Proust. Après son mariage en 1888, il revient habiter Paris au début des années 1890. Intime de Mallarmé, il est par lui en relation avec la mouvance symboliste, tout en fréquentant, grâce au comte Robert de Montesquiou-Fezensac (autre modèle proustien), le monde de l'aristocratie fortunée et cultivée.
Entre 1914 et 1919, le mécène et collectionneur Henry Clay Frick (1849-1919), magnat de l'acier qui dut son immense fortune à l'essor des chemins de fer puis des gratteciel, acquit une vingtaine d'oeuvres de Whistler : cinq peintures, trois pastels et douze eaux-fortes, qui constituent un ensemble remarquable, représentatif de la richesse de l'activité de Whistler et de l'évolution de son art à partir des années 1860. Cet ensemble témoigne également du goût et de l'acuité du regard de Henry Flick, qui constitua l'une des plus grandes collections particulières au monde.
A Orsay s'exposent ainsi, en regard de l'iconique Arrangement en gris et noir n° 1 : la mère de l'artiste (1871) appartenant aux collections du musée, les oeuvres emblématiques de la Frick Collection qui marquent autant de jalons dans l'oeuvre de Whistler, tels la Symphonie en gris et vert : l'océan (1866) ou Arrangement en noir et or : le comte Robert de Montesquiou-Fezensac (1891-1892), portrait où se ressent l'influence de Vélasquez. Sont également présentés plusieurs pastels et eaux-fortes de Venise, où le peintre séjourna en 1879 et 1880, et qui marque un tournant dans sa production.
Whistler y livre une vision renouvelée de Venise, n'hésitant pas à s'aventurer sur les canaux, dans les cours inconnus, ou à décrire la lagune de nuit, montrant une ville vivante, avec ses habitants et son activité quotidienne.
A travers les destins croisés de Henry Frick et de James Whistler, l'ouvrage, en retraçant l'histoire de la prestigieuse Frick Collection, explore les ressorts et les évolutions du marché
À l'aube du XXe siècle, le cinéma propose un nouveau regard éminemment social et populaire. Il est le produit d'une culture urbaine fascinée par le mouvement des êtres et des choses et désireuse de faire de la « modernité » un spectacle. Les premières projections de « photographies animées » par les frères Lumière à Paris en 1895 sont les dernières-nées d'une longue succession de dispositifs visuels et d'attractions (du panorama aux musées de cire, en passant par la morgue, les aquariums et les foires) qui trouve son apogée lors de l'Exposition universelle de 1900 à Paris. Issus d'une tradition de la circulation des images, ces premiers films, encore imparfaits, sont également les héritiers de multiples pratiques, artistiques ou scientifiques, savantes ou vulgaires. Nombreuses sont les propositions ou interrogations formulées par les artistes du XIXe siècle qui ont précédé leur avènement que le cinéma prolonge, recycle, questionne, et bientôt dépasse. En ce sens, Jean-Luc Godard eut raison de rappeler que le cinéma fut inventé par le XIXe siècle.
À l'instar de l'exposition qu'il accompagne, le catalogue Vivement le cinéma !
Fait dialoguer la production cinématographique française des années 1895- 1907 avec l'histoire des arts, depuis l'invention de la photographie aux premières années du XXe siècle, au fil de quelques grands sujets que sont le spectacle de la ville, les rythmes de la nature, la mise à l'épreuve et l'exhibition des corps, le rêve d'une réalité « augmentée » par la restitution de la couleur, du son et du relief ou par l'immersion, et enfin le goût pour l'histoire. Elle se conclut vers 1906-1907 alors que la durée des films s'allonge, les projections se sédentarisent dans des salles et les discours s'institutionnalisent. Le cinématographe devient le cinéma, à la fois lieu et loisir de masse.
Des essais thématiques de spécialistes du cinéma, de la photographie et de la peinture sont enrichis de 300 illustrations d'oeuvres, d'objets et de films aussi bien anonymes que signés de noms bien connus du grand public, de Pierre Bonnard à Auguste Rodin en passant par Gustave Caillebotte, Loïe Fuller, Léon Gaumont, Jean Léon Gérôme, Auguste et Louis Lumière, Jules Étienne Marey, Georges Méliès, Claude Monet, Berthe Morisot, Charles Pathé ou Henri Rivière.
Le contexte historique de la Venise du XVIIIe siècle, ses développements artistiques et son influence sur l'art européen. Le catalogue ouvre ainsi quelques perspectives sur les conditions de la naissance du rayonnement de la ville.
Les techniques de combat anciennes se sont élevées au rang d'arts martiaux avant de devenir des sports au xxe siècle et s'avèrent une source d'inspiration inépuisable pour l'iconographie et les cinématographies d'Asie. Au-delà de leur diversité, les arts martiaux sont à la croisée de la religion, des conceptions du corps et de l'histoire, si bien qu'elles constituent un angle d'approche essentiel pour comprendre les civilisations de l'Inde à la Chine, au Japon et à l'Asie du Sud-Est.
Les arts martiaux s'envisagent dans leur dimension extérieure et intérieure, c'est-à-dire dans une continuité entre corps et esprit. Aborder leur contexte mythique et religieux ouvre sur des thématiques essentielles des arts d'Asie : le combat bien sûr, mais aussi la représentation de la sagesse triomphant sur l'ignorance, la méditation et le pouvoir de la nature.
Le catalogue de l'exposition rend compte de la richesse des représentations des arts martiaux, en mêlant oeuvres anciennes et contemporaines, et cinéma. Une carte permet de localiser les principaux arts martiaux asiatiques et des frises chronologiques d'offrir leurs jalons historiques.
Ces outils sont prolongés par de nombreux essais complémentaires qui abordent intelligemment la thématique par le biais de l'histoire, de la mythologie ou des arts populaires.
L'exposition « Pionnières. Artistes dans le Paris des Années folles » met à l'honneur le rôle primordial des femmes dans l'avènement de l'art et des idées de ces éphémères années 1920, à travers peintures, sculptures, photographies, films, oeuvres textiles et littéraires. Cette exposition, qui se veut aussi foisonnante et bouillonnante que ces Années folles, convoque une quarantaine d'artistes et femmes de l'art, amazones, androgynes et révolutionnaires. Certaines sont connues : Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Marie Laurencin... Mais si l'on excepte ces quelques noms, la majorité de ces artistes sont méconnues voire inconnues du grand public.
Ce journal souhaite, à travers les biographies de ces artistes, retracer leur vie et leurs parcours artistiques singuliers.
Cette exposition présente la dimension intime du portrait et dévoile l'univers personnel des artistes impressionnistes. Elle met en lumière les grandes évolutions de la société française au XIXe siècle, concernant la place de la femme, le statut de l'enfant ou le rôle de l'artiste.
Catalogue de l'exposition.
Exposition, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, du 14 octobre 2019 au 10 février 2020.
Je suis, lumière : ah ! si j'étais nuit ! Mais ceci est ma solitude d'être enveloppé de lumière. Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, 1883.
Nadar, Cartier-Bresson, Brassaï, Helmut Newton, Man Ray, Willy Ronnis, Robert Doisneau, Diane Arbus, Mario Giacomelli, Robert Franck, William Klein, Daido Moriyama, Valérie Belin... Les grands noms de la photographie française et internationale sont réunis dans ce somptueux ouvrage qui embrasse 150 ans d'histoire de la photographie noir et blanc.
"J'ai décidé d'être très tôt une héroïne. Qui serais-je ? George Sand ? Jeanne d'Arc ? Un Napoléon en jupon ? Qu'importe ce que je serais ! L'important était que ce fut difficile, grand, excitant."
L'ouvrage offre une promenade au coeur des jardins impressionnistes et nabis de 1860 à 1940.
Le catalogue suit le cheminement de l'exposition, selon une approche thématique et chronologique des années 1860 aux années 1940 : une centaine de peintures, photographies, dessins et estampes explore la recherche de la nature en ville par les impressionnistes qui s'invitent dans les jardins de leurs proches, mais aussi comment les artistes des deux mouvances investissent les squares et jardins publics, autant de décors pour femmes liseuses, couseuses et songeuses, jusqu'au jardin luxuriant, prémices de l'Arcadie rêvée.
Exposition "Côté jardin. De Monet à Bonnard" au Musée des impressionnismes Giverny du 19 mai au 1er novembre 2021.
"Je photographie comme le musicien chantonne. Regarder est une respiration et, quand le hasard est avec moi et qu'une bonne photo m'est donnée, le bonheur n'est pas loin". Ce photographe, c'est Marc Riboud, qui nous a emmenés avec lui pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, là où l'entraînaient sa curiosité et sa recherche de surprises et de beauté. On le suit d'abord sur la route qui le mène d'Istanbul à Calcutta, puis en Chine, alors terra incognita, en Afrique et en Algérie au moment des indépendances, mais aussi au Vietnam pendant la guerre, au Cambodge..., captant ici et là des images qui se fixent dans notre mémoire comme cette Jeune Fille à la fleur (1967), symbole de l'aspiration à la paix. Publiée à l'occasion de la grande exposition rétrospective montrée au musée national des arts asiatiques - Guimet, cette monographie retrace en quelque deux cents photographies le travail de Marc Riboud. Nourri de textes de spécialistes, mais aussi de contributions plus intimes, l'ouvrage invite à emboîter le pas au photographe pour le suivre au long de son périple sensible autour du monde.
« En une même journée, [il pouvait] être baroque, empire, préraphaélite ou japonais. Pourtant, il a toujours été Beardsley. » Julius Meier-Graefe, 1908.