Contrairement à une idée reçue, le blanc est une couleur à part entière, au même titre que le rouge, le bleu, le vert ou le jaune. Le livre de Michel Pastoureau retrace sa longue histoire en Europe, de l'Antiquité la plus reculée jusqu'aux sociétés contemporaines. Il s'intéresse à tous ses aspects, du lexique aux symboles, en passant par la culture matérielle, les pratiques sociales, les savoirs scientifiques, les morales religieuses, la création artistique.
Avant le XVIIe siècle, jamais le blanc ne s'est vu contester son statut de véritable couleur. Bien au contraire, de l'Antiquité jusqu'au coeur du Moyen Âge, il a constitué avec le rouge et le noir une triade chromatique jouant un rôle de premier plan dans la vie quotidienne et dans le monde des représentations. De même, pendant des siècles, il n'y a jamais eu, dans quelque langue que ce soit, synonymie entre « blanc » et « incolore » : jamais blanc n'a signifié « sans couleur ». Et même, les langues européennes ont longtemps usé de plusieurs mots pour exprimer les différentes nuances du blanc. Celui-ci n'a du reste pas toujours été pensé comme un contraire du noir : dans l'Antiquité classique et tout au long du Moyen Âge, le vrai contraire du blanc était le rouge. D'où la très grande richesse symbolique du blanc, bien plus positive que négative : pureté, virginité, innocence, sagesse, paix, beauté, propreté.
Accompagné d'une abondante iconographie, cet ouvrage est le sixième d'une série consacrée à l'histoire sociale et culturelle des couleurs en Europe.
« Amoureuse, je ne l'ai été que de Capa. Bob ne voulait pas m'épouser, mais il m'avait délivrée. Quelle plus belle preuve d'amour ? Il m'a offert, en retour, le plus précieux cadeau de non-mariage du monde : la clé pour m'affranchir de mes servitudes ».
Juin 1945. Ingrid Bergman débarque à Paris et tombe aussitôt sous le charme de Robert Capa, qu'elle croise au Ritz. Le « plus grand photographe de guerre du monde » et la star d'Hollywood vont vivre deux années de passion. À Paris, Berlin, New York et Los Angeles, une folle aventure joyeuse et tendre, qui demeurera secrète mais fera de l'actrice une femme libre à jamais.
Longtemps, en Occident, le noir a été considéré comme une couleur à part entière, et même comme un pôle fort de tous les systèmes de la couleur. Mais son histoire change au début de l'époque moderne : l'invention de l'imprimerie, la diffusion de l'image gravée et la Réforme protestante lui donnent, comme au blanc, un statut particulier. Quelques décennies plus tard, en découvrant le spectre, Newton met sur le devant de la scène un nouvel ordre des couleurs au sein duquel il n'y a désormais plus de place ni pour le noir, ni pour le blanc : pendant presque trois siècles, ce ne seront plus des couleurs. Toutefois, dans le courant du XXe siècle, l'art d'abord, la société ensuite, la science enfin redonnent progressivement au noir son statut de couleur véritable. C'est à cette longue histoire du noir dans les sociétés européennes qu'est consacré le livre de Michel Pastoureau. L'accent est mis autant sur les pratiques sociales de la couleur (lexiques, teintures, vêtements, emblèmes) que sur ses enjeux proprement artistiques. Une attention particulière est portée à la symbolique ambivalente du noir, tantôt pris en bonne part (fertilité, humilité, dignité, autorité), tantôt en mauvaise (tristesse, deuil, péché, enfer, mort). Et comme il n'est guère possible de parler d'une couleur isolément, cette histoire culturelle du noir est aussi, partiellement, celle du blanc (avec lequel le noir n'a pas toujours fait couple), du gris, du brun, du violet et même du bleu.
Le rouge est en Occident la première couleur que l'homme a maîtrisée, aussi bien en peinture qu'en teinture. C'est probablement pourquoi elle est longtemps restée la couleur «par excellence», la plus riche du point de vue matériel, social, artistique, onirique et symbolique.
Admiré des Grecs et des Romains, le rouge est dans l'Antiquité symbole de puissance, de richesse et de majesté. Au Moyen Âge, il prend une forte dimension religieuse, évoquant aussi bien le sang du Christ que les flammes de l'enfer. Mais il est aussi, dans le monde profane, la couleur de l'amour, de la gloire et de la beauté, comme celle de l'orgueil, de la violence et de la luxure. Au XVIe siècle, les morales protestantes partent en guerre contre le rouge dans lequel elles voient une couleur indécente et immorale, liée aux vanités du monde et à la «théâtralité papiste». Dès lors, partout en Europe, dans la culture matérielle comme dans la vie quotidienne, le rouge est en recul. Ce déclin traverse toute l'époque moderne et contemporaine et va en s'accentuant au fil du temps. Toutefois, à partir de la Révolution française, le rouge prend une dimension idéologique et politique. C'est la couleur des forces progressistes ou subversives, puis des partis de gauche, rôle qu'il a conservé jusqu'à aujourd'hui.
L'histoire de la couleur bleue dans les sociétés européennes est celle d'un complet renversement : pour les grecs et les romains, cette couleur compte peu et est même désagréable à l'oeil : c'est une couleur barbare.
Or aujourd'hui, partout en europe, le bleu est de très loin la couleur préférée (devant le vert et le rouge).
L'ouvrage de michel pastoureau raconte l'histoire de ce renversement. en mettant l'accent sur les pratiques sociales de la couleur (lexiques, étoffes et vêtements, vie quotidienne, symboles) et sur sa place dans la création littéraire et artistique, il montre d'abord le désintérêt pour le bleu dans les sociétés antiques.
Puis il suit la montée et la valorisation progressives des tons bleus tout au long du moyen age et de l'époque moderne. il insiste notamment sur les enjeux esthétiques, moraux et religieux liés à cette couleur, du xiie au xviiie siècle. enfin il met en valeur le triomphe du bleu à l'époque contemporaine, dresse un bilan de ses emplois et significations et s'interroge sur son avenir.
Parler du bleu c'est nécessairement être conduit à parler aussi des autres couleurs.
Celles-ci ne sont donc pas absentes du livre : le vert et le noir, auxquels le bleu fut parfois assimilé ; le blanc et le jaune, auxquels il a fréquemment été associé ou opposé ; et surtout le rouge, son contraire, son complice et son rival depuis le moyen age.
Aujourd'hui, en Europe, le jaune est une couleur discrète, peu présente dans la vie quotidienne et guère sollicitée dans le monde des symboles. Il n'en a pas toujours été ainsi. Les peuples de l'Antiquité voyaient en lui une couleur presque sacrée, celle de la lumière, de la chaleur, de la richesse et de la prospérité. Les Grecs et les Romains lui accordaient une place importante dans les rituels religieux, tandis que les Celtes et les Germains l'associaient à l'or et à l'immortalité. Le déclin du jaune date du Moyen Âge qui en a fait une couleur ambivalente. D'un côté le mauvais jaune, celui de la bile amère et du soufre démoniaque (signe de mensonge, d'avarice, de félonie, parfois de maladie ou de folie). C'est la couleur des hypocrites, des chevaliers félons, de Judas et de la Synagogue. L'étoile jaune de sinistre mémoire trouve ici ses lointaines racines. Mais de l'autre côté il y a le bon jaune, celui de l'or, du miel et des blés mûrs (signe de pouvoir, de joie, d'abondance). À partir du XVIe siècle, la place du jaune dans la culture matérielle ne cesse de reculer. La Réforme protestante puis la Contre-Réforme catholique et enfin les « valeurs bourgeoises » du XIXe siècle le tiennent en peu d'estime. Même si la science le range au nombre des couleurs primaires, il ne se revalorise guère et sa symbolique reste équivoque. De nos jours encore, le jaune verdâtre est ressenti comme désagréable ou dangereux ; il porte en lui quelque chose de maladif ou de toxique. Inversement, le jaune qui se rapproche de l'orangé est joyeux, sain, tonique, bienfaisant, à l'image des fruits de cette couleur et des vitamines qu'ils sont censés contenir.
Élise à Brest, Alexia à Montbrison, Cécile à Compiègne ou encore Jill à Marseille : elles sont des milliers de jeunes femmes à dénoncer les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes qu'elles subissent au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages de soutien aux victimes et des slogans contre les féminicides. Certaines sont féministes de longue date, d'autres n'ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui ont trop souvent bouleversé leurs vies. Le sexisme est partout, elles aussi !
Du début du XIXe siècle, tout juste sorti de la Révolution française, jusqu'à la violente rupture de la Première Guerre mondiale, un long siècle de création picturale s'écoule qui voit émerger, croître et se métamorphoser l'espace de production artistique de la modernité. Cet ouvrage se propose de le parcourir en compagnie d'artistes dont l'histoire de l'art a négligé les oeuvres jusqu'à une période récente : les peintres femmes.
Du phénomène inédit de féminisation du Salon officiel sous le Consulat et la Restauration à l'afflux des artistes nordiques, britanniques, russes et américaines sur la scène parisienne à l'aube du XXe siècle, des ultimes débats sur l'ancestrale hiérarchie des genres picturaux au surgissement accéléré des avant-gardes, de la multiplication des ateliers de jeunes femmes au seuil du XIXe siècle aux premières diplômées de l'École des beaux-arts au début du XXe siècle, la période déploie une scène où il nous appartient désormais de les voir et de les entendre jouer, elles aussi, leur rôle d'artiste tel qu'elles s'en emparèrent concrètement, personnellement dans et avec leur temps.
Au début des années 1950, alors que le Parti communiste demeure le premier parti politique français, le journal l'Humanité crée un service inédit, qu'il qualifie d'« agence de presse unique en France » : les correspondants-photographes de l'Humanité.
Anonymes, militants, amateurs, ce sont jusqu'à 6 000 informateurs qui constituent alors un maillage original, le premier réseau social mis en place en France. Ces correspondants prennent des photographies où qu'ils se. trouvent, documentant ainsi la vie sociale et politique française pendant près de 50 ans.
Ces 40 000 images, pour la plupart restées à l'état de négatifs, forment aujourd'hui un fonds d'archives exceptionnel mis en lumière dans cet ouvrage, révélation photographique d'une mémoire collective retrouvée.
" qu'est-ce que la musique ? se demande gabriel fauré à la recherche du " point intraduisible ", de la très irréelle chimère qui nous élève " au-dessus de ce qui est.
". c'est l'époque oú fauré ébauche le second mouvement de son premier quintette, et il ne sait pas ce qu'est la musique, ni même si elle est quelque chose ! il y a dans la musique une double complication, génératrice de problèmes métaphysiques et de problèmes moraux, et bien faite pour entretenir notre perplexité. car la musique est à la fois expressive et inexpressive, sérieuse et frivole, profonde et superficielle ; elle a un sens et n'a pas de sens.
La musique est-elle un divertissement sans portée ? ou bien est-elle un langage chiffré et comme le hiéroglyphe d'un mystère ? ou peut-être des deux ensemble ? mais cette équivoque essentielle a aussi un aspect moral : il y a un contraste déroutant, une ironique et scandaleuse disproportion entre la puissance incantatoire de la musique et l'inévidence foncière du beau musical. " v. j.
L'oeuvre de Garouste est engagée dans une figuration déformante qui donne naissance à un espace onirique, inspiré des mythes et des grands textes fondateurs ou littéraires et philosophiques.
Olivier Kaeppelin analyse le triptyque intitulé Le Banquet, où se concentre tout l'univers de l'artiste, dans un jeu vertigineux d'allusions et d'associations d'images qui relie les trois parties du monumental tableau. Sur la première on voit un zeppelin qui survole une scène de carnaval à Venise. La deuxième dépeint un banquet bien fréquenté (Scholem, Benjamin, Kafka). La troisième montre des chiens musiciens dansant et volant autour d'un personnage tout feu tout flammes qui ressemble à l'auteur.
Pour déployer la signification de cette oeuvre dont Kafka est la référence centrale, Olivier Kaeppelin s'appuie sur des entretiens avec l'artiste (tous deux sont très proches), et sur sa maîtrise de l'histoire de l'art, de la littérature et de la poésie. Le texte est accompagné par de nombreuses images de détails.
Les chefs-d'oeuvre sont infinis. Ils sont surtout des énigmes. On découvre ici toutes les richesses du Banquet.
En 1968, alors que Pasolini terminait le tournage de Theorème, le journaliste Jon Halliday (alias Oswald Stack) interviewe pendant plusieurs semaines le cinéaste et poète pour qu'il approfondisse avec lui une sorte d'autoportrait personnel et intellectuel, et analyse en profondeur sa carrière littéraire et cinématographique et ses positions politiques. Un document exceptionnel sur l'artiste et l'homme.
Pasolini est à un tournant capital de son oeuvre et de sa vie. Sans avoir encore rencontré un très large public (que ses derniers films lui donneront), il est considéré, aux yeux du monde entier comme une figure majeure du cinéma, de la poésie, du roman et de la vie politique italienne, en tant qu'artiste novateur et observateur unique de l'Italie d'après-guerre. Source d'informations irremplaçables, notamment sur son enfance et sur la genèse de tous ses films, cet entretien n'a jamais été traduit, après sa double publication simultanée, en anglais et en italien. Une publication posthume en Italie (1992) ajouta des éléments concernant les films successifs, et notamment un entretien sur les Contes de Canterbury. Le traducteur ajoute un long chapitre en forme de postface qui rend compte des six dernières années de Pasolini, de ses films ultérieurs, de sa mort. De nombreux photogrammes, photos de plateau et photos d'archives illustrent la conversation.
En 2020, alors qu'Aristide Barraud sort d'un cycle de destruction, il s'introduit dans le chantier de démolition du bâtiment 5 de la cité des Bosquets à Montfermeil, utopie architecturale des années soixante devenue quartier ghettoïsé en quelques décennies. Il photographie pendant plusieurs mois l'avancée des travaux et les ouvriers qui y travaillent, dont une grande partie avait grandi dans le bâtiment. Puis, il passe l'été à coller des images, à écrire sur les murs avant que le B5 ne disparaisse complètement.
Voici un livre de grâce, porté par la grâce.
Comme un funambule qui avance, yeux grands ouverts, sur une corde au-dessus du vide, Bulle Ogier parcourt les étapes de sa vie d'enfant, de femme, d'actrice, de mère. Une vie jamais banale, pour le meilleur (l'art, la création, la fréquentation de grandes figures comme Duras, Rivette ou Chéreau), ou pour le pire (la mort de sa fille Pascale, évoquée avec délicatesse et intensité).
On pourrait énumérer les péripéties, les événements, établir des listes, mais un seul mot dit à quelle expérience le lecteur est convié : enchantement. Sur un ton qui n'appartient qu'à elle, l'actrice de tant de films, de tant de mises en scène théâtrales, la protagoniste de tant d'aventures, exerce une sorte de magie, on est avec elle, on est parfois effaré, et toujours touché, ému, bouleversé. On rit aussi, ou on sourit. Bref, les mystères parfois contradictoires de la vie, mis en langue : ce qu'on appelle, simplement, la littérature.
Gerda Taro a longtemps été la grande oubliée du photo reportage. Dans les milieux de la photo et
dans ceux liés aux recherches sur la Guerre d'Espagne, elle est surtout connue comme la
compagne de Robert Capa, morte écrasée par un char sur le front de Brunete alors qu'elle n'avait
que vingt-sept ans. C'est la première femme photo-reporter tuée au combat. Ses photos pour les
journaux français de l'époque : Regards, Vu et Ce Soir, sont signées pour la plupart Capa et Taro.
Après sa mort, elles portent le copyright Robert Capa. Pendant une cinquantaine d'années, elles
restent oubliées dans les archives du fonds Capa et de l'International Center of Photography de
New York, dirigé par le jeune frère de Capa, Cornell Capa. Ce n'est qu'au milieu des années quatrevingt
dix que le travail de recherche d'une allemande, Irme Schaber, les tire de l'oubli en même
temps que leur auteur, Gerda Taro.
Figure emblématique du courage, de la liberté, de la beauté, il n'est pas étonnant que sa
personnalité ait séduit François Maspero qui lui rend ici un magnifique hommage où se mêlent
données biographiques et essai sur les milieux intellectuels, politiques et artistiques des années
trente. Le livre aboutit en fait à une réflexion sur le rôle du photo-reportage dans le changement de
l'information. En effet, ce que souligne Maspero à travers les figures ô combien séduisantes de
Gerda Taro et de Robert Capa, c'est que l'utilisation du Leica et du Rolleiflex et de la
télétransmission a permis de saisir l'actualité sur le vif.
Quarante ans se sont écoulés depuis le premier concert d'Indochine au Rose Bonbon. Ce 29 septembre 1981, les quatre membres fondateurs, tout juste sortis de l'adolescence, jouaient devant une salle de 200 personnes électrisées.
Aujourd'hui, le groupe de rock préféré des français parvient à rassembler quatre générations de fans lors de concerts à la scénographie magistrale dans une incroyable communion. Loin de toute nostalgie, il a toujours su se renouveler, et s'inscrire avec force dans la modernité, traitant de sujets de société bien avant qu'ils ne deviennent en vogue, s'affranchissant des modes, pour puiser ses inspirations à de multiples sources, littéraires, picturales, sociétales ou cinématographiques.
Est-ce pour cette raison qu'Indochine parle à tant de monde ? Rafaelle Hirsch-Doran, en épluchant les nombreuses archives personnelles confiées par Nicola Sirkis, donne des éléments de réponse. Ainsi, sont reproduits pour la première fois des extraits de journaux intimes, photos privées, premières maquettes, brouillons de chansons, feuilles d'enregistrement, photos des costumes de scène, croquis. Elle a aussi interviewé tous ceux qui ont écrit ou ont participé à l'histoire d'Indochine, de la mère de Nicola Sirkis, qui n'avait jamais parlé, à Chloé Delaume, de Xavier Dolan à Erwin Olaf, des ingénieurs du son aux membres du groupe, de Lou Sirkis à Christine and the Queens et surtout, Nicola Sirkis lui-même, qui se livre ici comme rarement.
En renfermant ce livre global, qui explore les nombreuses facettes d'un groupe que tout le monde croit connaître mais qui échappe aux canons habituels de la musique populaire, on traverse également quarante ans d'histoire française. Et tout au long de ce voyage, on retrouve un seul crédo : la liberté.
À l'aube de ses quatre-vingts ans, David Hockney a recherché pour la première fois la tranquillité à la campagne, un lieu où observer le coucher du soleil et le changement des saisons, un endroit où tenir à distance la folie du monde. Ainsi, lorsque la Covid-19 et le confinement ont frappé, cela n'a pas changé grand-chose à la vie à La Grande Cour, la ferme normande plusieurs fois centenaire où Hockney avait installé son atelier un an auparavant.
On ne reporte pas le printemps est un manifeste qui célèbre la capacité de l'art à divertir et à inspirer. Il s'appuie sur une multitude de conversations et de correspondances inédites entre David Hockney et le critique d'art Martin Gayford, son ami et collaborateur de longue date. Leurs échanges sont illustrés par une sélection de peintures et de dessins inédits réalisés par l'artiste sur son iPad en Normandie, en lien avec des oeuvres de Van Gogh, Monet, Brueghel et d'autres encore.
Constamment poussé à aller de l'avant par son enthousiasme contagieux et son sens de l'émerveillement, à contre-courant depuis toujours, mais très populaire depuis soixante ans, Hockney ne se préoccupe pas de l'opinion des critiques. Totalement absorbé par son environnement et les thèmes qui le fascinent depuis des décennies: la lumière, la couleur, l'espace, la perception, l'eau, les arbres, il a beaucoup à nous apprendre, non seulement sur notre façon de voir... mais aussi sur notre façon de vivre.
On a tout dit et tout écrit sur l'oeuvre de Picasso, mais personne n'avait encore osé s'atteler à étudier l'ensemble de ses autoportraits, peut-être parce que ce peintre a toujours laissé planer beaucoup de doutes sur son oeuvre. Tout au long de sa vie, de son premier autoportrait en 1894 (il a alors 13 ans) jusqu'au dernier en 1972 (un an avant sa mort), il n'a cessé de se représenter. Sur un croquis, au bas d'une lettre ou sur une toile, Picasso par Picasso pouvait ne pas ressembler à Picasso. Mais Pascal Bonafoux nous guide afin de nous permettre d'approcher au plus près du mystère de cet artiste hors normes et de nous offrir le fruit d'un long travail de recherche très documenté et brillant initié il y a plus de 40 ans.
Le livre de Gilles Deleuze sur Francis Bacon est bien autre chose que l'étude d'un peintre par un philosophe. Est-il du reste « sur » Bacon, ce livre ? Et qui est le philosophe, qui est le peintre ? Nous voulons dire : qui pense, et qui regarde penser ? On peut certainement penser la peinture, on peut aussi peindre la pensée, y compris cette forme exaltante, violente, de la pensée qu'est la peinture. Nous nous sommes dit : « Sans doute sera-t-il impossible d'égaler la splendeur de l'édition initiale. Il nous manquera bien des choses, dans le registre du visible. Est-ce une raison pour manquer en outre à notre devoir, qui est que ce grand livre ne cesse pas de circuler, ne disparaisse à aucun prix de la circulation à laquelle il est destiné, celle qui le fait passer, de main en main, chez les amants de la philopeinture, ou de la pictophilosophie ? Chez les perspicaces amants de l'équivalence, en forme de pliure, entre le visible et son revers nominal. » Nous avons donc décidé de republier ce livre dans la collection « L Ordre philosophique », où tout livre a pour fonction d'y faire désordre. Et singulièrement celui-là. Nous ne pouvons que remercier, vivement, de ce désordre par quoi se fait le plus beau de notre Ordre, tous ceux qui ont rendu possible cette (re)publication, et qui nous ont donc permis de faire notre devoir. En quelques mots « Le primat des énoncés n'empêchera jamais l'irréductibilité du visible, au contraire. L'énoncé n'a de primat que parce que le visible a ses lois propres, son autonomie qui le met en rapport avec le dominant, avec l'héautonomie de l'énoncé. C'est parce que l'énonçable a le primat que le visible lui oppose sa forme propre qui se laissera déterminer sans se laisser réduire »
Drôle, fantasque, ubuesque ou terrifiant, le clown nourrit notre imaginaire depuis l'enfance. Façonné par William Shakespeare, Molière, Alfred Jarry, Federico Fellini ou Stephen King, le clown ne connaît pas les frontières pour s'exprimer. Tomber pour faire rire est un mécanisme joyeux qui remonte probablement à l'aube de l'humanité. Bouffons, fous et farceurs sont les grands ancêtres du clown qui puise dans ses origines à la fois sacrées et profanes pour émouvoir ou divertir.
Abondamment illustré, cet ouvrage retrace la généalogie d'un personnage hors du commun, né sur les planches du théâtre élisabéthain, mais qui a très vite conquis le monde du cirque pour s'y épanouir dès le XVIIIe siècle. De nombreux documents inédits, issus des fabuleuses collections de la Bibliothèque nationale de France, racontent une histoire singulière en contrepoint des photographies de Christophe Raynaud de Lage pour un regard exceptionnel sur l'univers clownesque où la mémoire est toujours imprégnée d'une vision contemporaine.
Aujourd'hui, de la scène à la piste, de la rue à l'hôpital, féminin, social ou politique, le clown est partout !
Fasciné par le swing de Gershwin, la soul de Ray Charles et le rock des Beatles, Michel Berger a modernisé la chanson française à travers ses interprètes (France Gall, Françoise Hardy, Elton John, Johnny Hallyday), ses complices (Véronique Sanson, Luc Plamondon, deux personnages essentiels de son univers), un opéra rock indémodable (Starmania) et des tubes qui auront marqué plusieurs générations : « Le monde est stone », « Quelque chose en nous de Tennessee », « Le paradis blanc », « La groupie du pianiste », « Ella, elle l'a »...
Yves Bigot, qui l'a bien connu, a longuement interrogé ses proches, comme Pierre Lescure, Bernard de Bosson, Grégoire Colart, Bernard Saint-Paul, Jannick Top, Serge Perathoner, Philippe Rault, Vanina Michel, Christine Haas, mais aussi, à travers les années, Véronique Sanson, France Gall, Daniel Balavoine, etc. Ces sources diverses lui permettent de retracer ici le destin hors du commun de celui qui était compositeur, pianiste, parolier, concepteur, réalisateur, producteur, directeur artistique, scénographe, et qui continue de faire chanter la France.
Directeur des programmes de France 2, de la RTBF, de RTL, patron de plusieurs maisons de disques, journaliste à Libération et à Rolling Stone, Yves Bigot est aujourd'hui PDG de TV5Monde. Tropézien et biographe de Brigitte Bardot, il a notamment publié deux tomes sur Les Amours de la chanson française et du rock (Don Quichotte), Daft Punk - Incognito (L'Archipel, 2020, avec Camille et Michel Goujon), et tout récemment un roman, Katrijn, aux éditions Encre de nuit (2021).
Pour les 30 ans de la mort du plus grand mélodiste de la variété française, cette édition augmentée de sa biographie montre définitivement qu'on a tous en nous quelque chose de Michel Berger.
Cela fait trente-cinq ans que je tiens des journaux intimes. J'y consigne mes réussites et échecs, mes joies, mes chagrins, les choses qui m'ont émerveillé et celles qui m'ont fait rire aux éclats. Trente-cinq ans à prendre conscience, à me souvenir, à me rendre compte, à comprendre, à rassembler et à griffonner ce qui m'a ému ou excité en route. Comment être juste. Comment moins stresser. Comment m'amuser. Comment moins blesser les autres. Comment être moins blessé. Comment être un type bien. Comment obtenir ce que je veux. Comment trouver un sens à la vie. Comment être plus moi-même.
Récemment, j'ai trouvé le courage de m'attaquer à ces journaux et de les relire en entier. Ce que j'ai trouvé?? Un catalogue d'histoires, de leçons que j'avais apprises et oubliées, de poèmes, de prières, de recommandations, de réponses à des questions que je me posais, de questions que je me pose encore, d'affirmations, de doutes, de professions de foi sur ce qui importe vraiment, de théories sur la relativité, et toute une ribambelle de slogans.
J'ai découvert ce qui, dans mon approche de la vie, m'avait donné le plus de satisfaction à l'époque et m'avait guidé. J'ai appelé ça attraper les feux verts. C'est un thème solide.
Donc j'ai pris mes journaux sous le bras et me suis offert un confinement en solitaire dans le désert, où je me suis mis à écrire ce que vous lisez à présent?: un album, une trace, une histoire de ma vie jusqu'à ce jour.
Les choses que j'ai vues, rêvées, cherchées, données et reçues.
Les vérités explosives qui ont tellement court-circuité mon espace-temps que je n'ai pu les ignorer.
Les contrats que j'ai passés avec moi-même, que j'honore pour beaucoup, et dont pour la plupart je cherche encore à me rendre digne.
Voilà ce que j'ai vu, et comment - mon ressenti et mes trouvailles, mes moments de classe et de honte. Les grâces, les vérités et les beautés de la brutalité.
Les initiations, les invitations, les calibrages et transitions.
Les «?je m'en sors à bon compte?», les «?je me fais choper?», et les «?je me mouille en essayant de danser entre les gouttes?».
Les rites de passage.
Ce livre raconte aussi comment choper les feux verts, réaliser que les feux orange et les rouges peuvent changer de couleur aussi.
Ce livre est une lettre d'amour.
À la vie
Sous la forme d'un rendez-vous annuel depuis 20 ans, Venise a pris une place à part dans la vie et l'oeuvre de Martine et Philippe Delerm. C'est la face cachée de la ville, loin des sentiers battus, qu'ils nous proposent de découvrir à travers des textes et des photographies minimalistes et intimistes. Une Venise en couleurs, une omniprésence de l'eau, une consistance singulière de décor en décor, comme dans un théâtre d'images ou comme des tableaux abstraits, les photographies de Martine Delerm accompagnées par le texte poétique de Philippe Delerm qui nous fait entrer de plain pieds dans la magie de la cité des Doges, dans la magie des sensations qu'elle provoque et de son quotidien enchanté.
Une histoire du slip est avant tout une histoire de la représentation de l'homme et de son intimité vivante et fantasmatique à travers le monde et les temps du monde. Une histoire de son ingéniosité, de son imagination, de sa poésie et de son érotisme, en parcourant tous les territoires avec la variété de ses inhibitions, exhibitions, coutumes, végétaux et animaux, paysages, températures et tempéraments.
L'ouvrage est composé d'un prologue (La grappe) et de 7 parties (La feuille. La coquille. Le noeud, La peau, L'étoffe, La poche, Le slip). Chacune d'entre elles traite d'une matière, d'une texture. Les petits textes, sous la forme de proses poétiques, qui ouvrent chaque partie, scandent une série d'images non chronologiques, mais plutôt thématiques brassant toutes les époques, cultures et tous les continents. Ces illustrations légendées inscrivent ainsi un contrepoint plus documentaire.