On a beau changer de peau plusieurs fois, on reste toujours le même serpent. Mais ta vision des choses a tout de même radicalement changé, non ? Tu sais, si le jeune Nick Cave pouvait s'autoriser un certain dédain pour le monde, c'est parce qu'il ne savait pas ce qui l'attendait. Je m'aperçois aujourd'hui que ce dédain, ou ce mépris, était un luxe, une afféterie complaisante. Ce jeune homme n'avait aucun sens de la fragilité de la vie, de son caractère précieux. Il ne se rendait pas compte qu'il est difficile mais essentiel d'aimer le monde et de le traiter charitablement. Et, je le répète, il ne soupçonnait pas ce que l'avenir lui réservait. Tiré de plus de quarante heures d'entretiens avec le journaliste Sean O'Hagan, Foi, Espérance et Carnage retrace la vie intérieure de Nick Cave, qui y livre ses méditations sur la foi, la musique, la création, la liberté, l'amour, le deuil... Une plongée dans les rouages de l'inspiration et de la création, ainsi qu'une réflexion sur ce qui nourrit une oeuvre, où l'on découvre avec quelle force espoir, spiritualité et fiction peuvent nous pousser vers l'avant.
«J'ai dressé la liste de tous les projets que j'avais réalisés depuis mes débuts et j'en ai comptabilisé soixante et un. J'ai joué à les associer à des titres de la Série noire. Et j'ai eu l'impression que ces titres m'attendaient. Quand les Éditions Gallimard m'ont proposé de publier dans la Blanche, j'ai convié la Noire.»
"Cry-Baby" avec Johnny Depp dans un de ses premiers rôles ? C'est lui. "Serial Mother" mettant en scène une Kathleen Turner en mère tueuse sur fond pastel ? Lui encore. "Pink Flamingos" avec l'iconique drag-queen Divine ? Vous avez deviné, c'est lui aussi. À 74 ans, John Waters, le "Pape du trash", revient avec un récit à mi-chemin entre Mémoires et livre de conseils dévoyés regorgeant d'anecdotes de tournage et d'expériences personnelles, d'hommages et d'exercices d'admiration (Warhol ; Pasolini ; Tina Turner ; Patty Hearst...), d'humour irrévérencieux et de punchlines ravageuses.
Terminés les moments fugaces, les petites étincelles de bonheur, j'ai embrassé mon identité à bras-le-corps.
À tout juste vingt ans, Elliot Page éblouit le monde entier dans le rôle phare de Juno. Ce film lui vaut une nomination aux Oscars et marque le début d'une carrière internationale au cinéma.
Mais, en secret, il souffre d'un mal-être indescriptible qui le ronge et le pousse à réprimer de profondes interrogations sur son identité et sa sexualité. Après avoir passé des années à vivre la vie que l'on attendait de lui, il parvient à poser des mots sur sa dysphorie de genre et entame un parcours de transition.
Dans ce texte sincère et bouleversant, Elliot Page nous raconte le cheminement qui l'a mené à faire son coming out trans. Il nous ouvre aussi les portes d'une industrie hollywoodienne en pleine évolution depuis le mouvement #MeToo. À travers des souvenirs sombres ou joyeux, Elliot Page se livre avec sensibilité et justesse dans cet autoportrait lumineux.
De la Chine de Mao aux rivages méditerranéens de Monte-Carlo, la violoniste Zhang Zhang nous livre le récit inspirant d'un parcours hors norme, de ceux qui méritent d'être appelés un destin, pour donner à chacun d'entre nous le courage de reprendre le sien en main.
D'abord contrainte par les Gardes rouges de vivre avec son frère et ses parents dans une chambre de neuf mètres carrés à Pékin, Zhang Zhang a ensuite connu l'exil, la peur, le dénuement, la maltraitance de son père obsédé à l'idée d'en faire une virtuose mais ne se souciant pas de l'envoyer à l'école. Ce n'est qu'à force de ténacité, de résilience, mais aussi par la grâce de rencontres salvatrices qu'elle est devenue ce qu'elle est aujourd'hui : une artiste accomplie et une humanitaire engagée en faveur de la paix et de l'universalisme.
Symboles de sagesse, de bienveillance et d'audace, les dragons de la mythologie chinoise ne naissent pas dragons : ils doivent le devenir. En Zhang Zhang ils ont trouvé leur meilleure disciple.
Née pendant la Révolution culturelle près des ruines de l'ancien palais d'Été de Pékin, Zhang Zhang a grandi en enfant nomade en Asie, en Amérique du Nord et en Europe. Violoniste classique de formation, aventurière par nature, humanitaire par engagement, elle est membre de l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, fondatrice de Zhangomusiq et du Monaco String Quartet Ensemble, soliste de l'Opéra royal de Versailles, conférencière, et promotrice infatigable de la paix, du progrès et de l'universalisme.
Jean-Charles est le petit-fils du célèbre peintre réaliste Jean-François Millet ? notamment connu pour Les Glaneuses (1857) et L'Angélus (1859). Mais voilà que le talent n'est pas toujours héréditaire et Jean-Charles, en matière de peinture, est nettement moins doué que son grand-père. Alors que faire ? Des faux, bien entendu ? qu'il fera réaliser par Paul Cazot, un copiste de génie. Ses brillantes reproductions vont alors devenir l'épicentre d'un véritable commerce et frôler le coup de maître. Car notre faussaire va vendre, et va vendre beaucoup avant de se faire prendre la main dans le sac ? car toutes les bonnes choses ont une fin et que la cupidité est un vilain défaut.
Avec la précision d'un juge d'instruction et l'ironie d'un pince-sans-rire, Éric Halphen nous raconte cette histoire vraie, totalement méconnue (et terriblement passionnante) qui nous fera voyager, croiser la route de nombreuses personnalités devenues aujourd'hui célèbres, mais également nous questionner.
« J'ai écrit mon journal à partir de 11 ans, adressé à Munkey, mon confident, ce singe en peluche offert par mon oncle, gagné dans une tombola. Il a dormi à mes côtés, il a partagé ma vie avec John, Serge, Jacques, il a été le témoin de toutes les joies et toutes les tristesses. En relisant mes journaux, il me semble flagrant qu'on ne change pas. Ce que je suis à 12 ans, je le suis encore aujourd'hui. » On croyait tout connaître de Jane Birkin, tant elle fait partie de notre histoire depuis cinquante ans, jusqu'à ce livre qui nous fait vivre une époque flamboyante, du Swinging London au Saint-Germain-des-Prés des années 1970, et donne à lire le quotidien d'une grande amoureuse et d'une artiste exceptionnelle.Un journal à la fois intime et universel.C'est splendide et passionnant. Olivia de Lamberterie, France Inter.On rit, on pleure avec elle et on a envie d'embrasser celle qui nous a fait si souvent rire et rêver. Bernard Babkine, Marie France.
C'est vers l'âge de seize ans que Robert Schumann (1810-1856) commence à tenir son journal intime, suivant en cela une vieille tradition chère aux artistes et aux écrivains allemands. Après son mariage avec Clara Wieck (1819-1896), c'est à deux qu'ils le rédigeront tour à tour, chacun prenant la plume pendant une semaine, pour en faire le miroir de leur bonheur, de leurs efforts et de leurs progrès.
Dans ce dialogue de deux âmes musiciennes, il est bien sûr beaucoup question de musique : nous apprenons ainsi quelles oeuvres nouvelles Robert va composer, quels amis viennent jouer chez eux, mais aussi quelle discipline artistique le mari impose à sa jeune épouse et quelles pièces il lui fait travailler.
De part et d'autre de ce « Journal de raison » tenu de 1840 à 1843 par Robert et Clara ont été réunis un choix de documents, de journaux, de lettres et de souvenirs, dont l'ensemble permet de faire revivre, le plus authentiquement possible, la personnalité des deux musiciens en les replaçant dans leur temps, leur milieu et leur famille. Ces textes sont regroupés par époques et précédés d'un commentaire, dessinant ainsi une passionnante biographie.
D'une enfance saccagée, Niki de Saint Phalle a extrait une oeuvre triomphale. Elle a peint à la carabine, créé des Accouchées sanglantes et des Mariées livides, des Nanas exultantes et des Black Heroes, des films hallucinés. La redécouvrir, c'est partir explorer un ailleurs : le Jardin des Tarots, qu'elle décrivait comme son grand oeuvre, son « destin ». Au fil d'une promenade initiatique, Gwenaëlle Aubry joue avec Saint Phalle, tire et rebat ses cartes, piste à la fois la puissance de métamorphose d'une « fille inarrêtable » et l'enfance fugitive: « Je suis venue te chercher, tu vois, un peu en retard mais je suis là, allez viens, n'aie pas peur, on va au Jardin ».
Un livre singulier porté par un souffle immense. Libération Des descriptions merveilleuses et émerveillées. Le Monde des livres Au plus près du secret du geste créateur de Saint Phalle. Télérama
« Amoureuse, je ne l'ai été que de Capa. Bob ne voulait pas m'épouser, mais il m'avait délivrée. Quelle plus belle preuve d'amour ? Il m'a offert, en retour, le plus précieux cadeau de non-mariage du monde : la clé pour m'affranchir de mes servitudes ».
Juin 1945. Ingrid Bergman débarque à Paris et tombe aussitôt sous le charme de Robert Capa, qu'elle croise au Ritz. Le « plus grand photographe de guerre du monde » et la star d'Hollywood vont vivre deux années de passion. À Paris, Berlin, New York et Los Angeles, une folle aventure joyeuse et tendre, qui demeurera secrète mais fera de l'actrice une femme libre à jamais.
«Lire Shakespeare, c'est lire le monde. J'adorais ça : ces rois et ces reines inconnus, ce théâtre qui allait voir au-dehors, qui ne s'arrêtait pas aux portes capitonnées d'un salon...»De l'éblouissement de ses premières lectures au souvenir vivace des grands rôles qui ont marqué sa vie, Philippe Torreton nous livre «son» Shakespeare. Tour à tour intime, touchant et drôle, il transmet avec délicatesse sa passion pour le plus grand des dramaturges, qui, à quatre siècles de distance, s'adresse encore à chacun de nous.
« Un soir d'été de ma huitième année, Sarah m'emmène voir mon premier ballet : Le Lac des cygnes. Je suis subjuguée par les corps, les costumes qui les revêtent, les mouvements qui les étirent et les développent. De la douleur et de la souffrance, je ne comprends que celles de l'amour entre Odette et Siegfried ; incapable de percevoir l'endurance des danseuses et danseurs, de deviner que dans les chaussons, les chairs sont meurtries, que la beauté est toujours composée d'un peu de laideur.
Le lendemain, au réveil, je sais que je serai danseuse. Dans mes rêves les plus fous, une grande danseuse.
Plié. Tendu. Plié. Tendu.
Je n'ai pas encore la technique. En revanche, j'ai le physique : longs bras, longues jambes, long cou, petit buste. Oui, j'ai tout du cygne. Mais je suis noire, comme ce petit canard qui, tant que sa vraie nature n'est pas révélée, est vilain, rejeté de tous pour cette unique raison.
Je serai le premier cygne noir. »C. L. P.
En 2021, Chloé Lopes Gomes a accusé certains responsables du Staatsballett de racisme. Après un recours en justice, elle a obtenu gain de cause, à travers une prolongation de son contrat et une indemnité.
Récit de résilience face à l'adversité, Le Cygne noir est son histoire.
Avant d'être acteur, Thomas VDB a été journaliste dans la presse musicale et, par un concours de circonstances, a été promu à 25 ans rédacteur en chef d'un magazine de rock. Concrétisant un rêve d'adolescent, sa passion pour la musique s'effritait pourtant au fur et à mesure que ses responsabilités augmentaient. C'est cette quête de sens qu'il raconte ici, dans un récit qui nous replonge dans les années 1980 et 1990, au temps où les compilations étaient des cassettes qu'on concoctait avec patience et application.
Elle collectionnait les amants et les bijoux. On l'appelait "la Divine". Wilde était fou d'elle, Victor Hugo et Gustave Doré aussi. Plus près de nous, Carson McCullers l'admirait. Cocteau inventa pour elle, devenue une star mondiale, l'expression "monstre sacré". Actrice, peintre, sculptrice, Sarah Bernhardt fut l'une des plus grandes artistes du XIXe siècle et du début du XXe. Claudette Joannis lui a consacré un portrait qui reparaît ici dans une version entièrement revue, actualisée et augmentée.
La saisie en 2016 d'une Vénus au voile attribuée au maître de la Renaissance Lucas Cranach, de la collection du prince de Liechtenstein, révèle un scandale comme le monde de l'art n'en a jamais connu. L'un après l'autre, des tableaux passent sous le microscope de laboratoires américains et européens. Brillantes contrefaçons d'un maître faussaire ? Authentiques chefs-d'oeuvre du passé ? Ou tout simplement honorables copies d'époque ? Pendant cinq ans, à travers la France, l'Italie, le Royaume-Uni et les États-Unis, Vincent Noce enquête pour retracer l'origine de ces tableaux et c'est ainsi qu'il rencontre un homme retiré en Émilie, Giuliano Ruffini. Il proclame son innocence, mettant en cause marchands, experts, conservateurs et historiens d'art. Vrais ? Faux ? Chacun des protagonistes livre sa part de vérité dans une affaire passionnante qui ébranle tous les fondements du marché et de l'histoire de l'art.
Fils d'un monstre sacré du cinéma et d'une comédienne éprise de liberté, Anthony Delon lève le voile sur sa famille. Il offre un témoignage bouleversant sur son enfance, ses années de jeunesse, la maladie de sa mère qu'il a accompagnée jusqu'au dernier jour. Son questionnement est universel. Comment dépasser ses peurs, ses blessures, ses déceptions ? Comment ne pas reproduire le schéma imposé par une famille, où l'amour serait la première victime d'une malédiction qui se transmettrait de génération en génération ? Comment, enfin, devenir un homme et rester debout ?
Le design concerne a priori l'objet et ses métamorphoses à l'ère des masses, il est autant culture de projet que produit industriel. Cet ouvrage défend l'idée que le penser, c'est l'arrimer à des configurations antérieures, le voir en situation, décrire ses tâches circonstanciées, plonger dans une expérience historique. Grandes découpes, séries, objets, figures et controverses. Entre moments célèbres et épisodes plus marginaux, Le design : Histoire, concepts, combats tente de faire imploser les définitions décontextualisées sous l'impact de l'histoire.Il suit en chacune de ses traversées la leçon d'un Mendini qui écrivait en 1974 : «Nous vivons entourés de problèmes importants : massacres, récession, guerres, énergie. Et pour vivre nous nous attaquons à des petits problèmes. Nous dessinons bien et mal des serrureries et des fouets, des chiottes et des pavillons, des digues et des plans d'urbanisme pendant qu'autour de nous éclatent des bombes.» La discipline design oscille dès lors dans le trouble des dimensions, comme si «les problèmes, fussent-ils très grands, étaient en réalité très petits, et les très petits, très grands».
On ne présente plus Antoine de Caunes. Un récit d'anecdotes dénué de nombrilisme, teinté d'humour et d'émotions.
" Longtemps, j'ai couché de bonne heure. Et comme je faisais aussi des fautes de français, j'avais pris la fâcheuse habitude de répondre par un triple pléonasme : " Moi, personnellement, je... ". Les années passant, ma pratique de la langue s'est considérablement affinée. J'ai désormais plein d'avis sur plein de choses différentes. Des choses privées - qui ne le seront donc plus - des (més)aventures, des rencontres, des péripéties. Rien qui pour autant ressemble - je ferai de mon mieux - à ces mémoires qui encombrent librairies et bibliothèques. Plutôt de modestes exercices de style, narrant des histoires plus ou moins drôles - ou pas - et saugrenues. Ou pas. Il y sera question de chiens, d'ancêtres, de musique, de littérature, de bric, de brac, d'humour, et de ce petit coeur qui bat sous la cuirasse du hussard. Voilà, en un mot, l'objet de cet ouvrage tant attendu, dont le titre, par sa sobriété, résume tout : Perso(s). " Antoine de Caunes
On parle toujours de l'abondante correspondance de Wolfgang Amadeus Mozart en oubliant celle de Leopold, ce père si important dans l 'épanouissement de son talent. On parle toujours des plaisanteries scatologiques du fils en oubliant son véritable humour, celui d'un artiste très conscient de sa supériorité : il l'exerçait pour peindre la société de son temps (aristocrates, musiciens, élèves...) ou pour décrire les inconvénients des voyages, comme le faisait aussi Leopold. Ce sont là autant de sautes d'humour vachardes sur les ridicules du XVIIIe siècle. Elles se savourent comme un opéra bouffe et nous offrent une approche biographique originale sur un génie qui n'a pas fini de nous étonner.
Depuis quelques années, La Dactylo essaime aux quatre coins de l'Hexagone ses pochoirs doux-amers inspirés par des sujets d'une éternelle actualité : l'absurde et sa beauté, les occasions d'ébriété, les amours contrariées, les états d'âme de la société, les fausses citations de célébrités... Elle trouve dans cette pratique illicite une nouvelle identité et une multitude d'abonnés sur son compte Instagram. Ses aphorismes ici exposés, entre photos couleurs et jeux typographiques, prêtent à rire et à penser. Avec Démo d'esprit, les marges du street art, assumant à la fois impact visuel et sensibilité poétique, renouent avec un genre littéraire millénaire : l'art du bref.
En 1947, John Steinbeck et Robert Capa voyagent quarante jours en URSS, de Moscou à Stalingrad en passant par la Géorgie et l'Ukraine pour un reportage destiné au New York Herald Tribune.Ce journal traduit par Philippe Jaworski, est pour la première fois publié en français, dans son intégralité avec les photographies de Capa.
Zélie est née d'une mère script-girl, Aurore, dite Mao, et d'un père comédien, François, célèbre notamment pour avoir joué dans Les Brigades du Tigre. Elle est encore toute jeune lorsque Mao tombe amoureuse du cinéaste Claude Chabrol, qu'elle choisit d'appeler par son deuxième prénom, Henri. Elle en deviendra la fille adoptive et l'une des plus proches collaboratrices, jusqu'à la fin. Dans ce récit familial aussi truculent que poignant, qui court des années soixante-dix à nos jours, Cécile MaistreChabrol, alias Zélie, explore la filiation et la construction de soi à travers une trajectoire de femme d'une originalité folle.
Quand je lis Torremolinos, j'ai le coeur comme un moulin. Est-ce qu'un livre m'a plus enveloppé, tourbillonné, amusé, remué depuis cinq ans ? Pas sûr. Philippe Jaenada.
Un texte étonnant, qui mêle récit initiatique, chronique d'une éducation sentimentale tourmentée et description volontiers caustique des coulisses du cinéma français. Télérama.
Bouleversant. Édouard Baer, RTL.
«Toute ma vie, je n'ai vu que des temps troublés, d'extrêmes déchirements dans la société, et d'immenses destructions ; j'ai pris part à ces troubles. De telles circonstances suffiraient sans doute à empêcher le plus transparent de mes actes ou de mes raisonnements d'être jamais approuvé universellement. Mais en outre plusieurs d'entre eux, je le crois bien, peuvent avoir été mal compris.» Guy Debord
Ce texte d'hommage à Bertrand Tavernier est une magnifique ode à l'amitié entre deux hommes de générations différentes qui se reconnaissent dès leur première rencontre à l'Institut Lumière (que Tavernier présida de sa création en 1982 à sa mort en 2021) puis se tiendront la main jusqu'au bout, le cadet ne cessant d'admirer l'aîné comme un père, puis un grand frère.
Réalisateur, scénariste, producteur, cinéphile passionné, écrivain, d'une curiosité insatiable, fou de jazz et de littérature, acharné d'Amérique tout en restant fidèle à ses racines lyonnaises, d'une liberté de goût et d'allure sans pareille, d'un engagement sans concessions, Tavernier est un ogre.
Il a fait ses débuts comme assistant de Jean-Pierre Melville. Attaché de presse à plein temps de Stanley Kubrick, il lui envoie ce télégramme de démission : « En tant que cinéaste vous êtes un génie, mais un crétin dans le travail ». Autant dire que sa forte personnalité ne le prédisposait pas aux petits accommodements...
Rien ne sert d'égrener ici la liste de ses très nombreux films, documentaires, livres, qui lui valurent couronnes et lauriers dans le monde entier.
Car ce qui fait le coeur de ce livre est autre chose : restituer la mécanique intime d'un être de passion, se placer au plus près de lui, dans les coulisses, comme on filmerait le hors-champ de sa vie et de son image publiques ; montrer la place qui lui revient dans le paysage du cinéma français et dans la redécouverte du cinéma mondial ; analyser à travers lui la source des querelles esthétiques qui continuent de déchirer les grandes traditions de la critique cinématographique en France.
Anecdotes, portraits, scènes vécues, voyages en commun aux Etats-Unis et ailleurs : cet exercice d'admiration, ce « tombeau », cette biographie intime mêlée d'autobiographie, finissent par dessiner une vaste fresque collective, tant la fascination pour un être particulier à ce point avide du monde rejoint ici l'universel.