On peut avoir la quarantaine plutôt épanouie, être une excellente ménagère et une enviable mère de famille, et découvrir soudain que sa vie ressemble à un leurre. C'est ce que réalise Ella Rubinstein lorsqu'elle entame la lecture de Doux Blasphème, un manuscrit signé Aziz Z. Zahara, soumis à son jugement par un éditeur. Ce roman va définitivement changer sa vie. Il retrace la vie du poète Rûmi qui, au xiiie siècle, vit son existence prendre une nouvelle orientation et une nouvelle hauteur sous l'influence du plus célèbre derviche du monde musulman, Shams de Tabriz. Au fil des e-mails à Zahara et des pages de Doux Blasphème, Ella subit une métamorphose quasi spirituelle, semblable à celle que connut Rûmi dans sa relation avec Shams.
Dans l'un et l'autre cas, à sept siècles de distance, il est possible de parler d'amour, de l'amour transcendé par la quête mystique à laquelle il appelle.
C'est en romancière de premier plan qu'Elif Shafak explore ici, avec une incomparable intensité, les sentiments les plus élevés. Tout le Moyen-Orient du xiiie siècle est sous sa plume ressuscité et trouve écho en notre époque.
Incandescent de bout en bout, Soufi, mon amour sait nous happer, nous séduire, nous transporter. Il est sans aucun doute le plus grand roman d'Elif Shafak à ce jour. AUTEUR : Fille de diplomate, la Turque Elif Shafak est née à Strasbourg en 1971. Elle a passé son adolescence en Espagne, puis étudié en Turquie. Après un master en « Gender and Women's Studies » et un doctorat en sciences politiques, elle a un temps enseigné aux États-Unis. Elle vit aujourd'hui à Istanbul. Internationalement reconnue, elle est l'auteur de onze livres, dont La Bâtarde d'Istanbul (Phébus, 2007), Bonbon Palace (Phébus, 2008) et Lait noir (Phébus, 2009).
Pour les aficionados de Melville et de Guerne, la traduction que ce dernier a donnée de Moby Dick (en 1954 aux éditions du Sagittaire) est un monument indépassable : le traducteur-poète est allé jusqu'à s'initier au parler « salé » des matelots américains du XIXe siècle, tel qu'il se trouve consigné dans les anciens lexiques marins ; et surtout jusqu'à s'inventer un français hautement
« melvillien », puisque le grand romancier aimait à dire qu'il n'écrivait pas en anglais mais en outlandish la langue du grand Ailleurs.
Cette traduction, malgré un bref passage en collection de poche (1980), est restée la plupart du temps introuvable au cours du dernier demi-siècle. On envie déjà le plaisir et la surprise de ceux qui auront à découvrir sa riche et rude saveur : que reconnaîtront tous ceux qui ont fréquenté d'un peu près le vieil océan.
Quant au livre lui-même resté à peu près inconnu du public au temps de Melville, il n'aura vraiment été découvert qu'au XXe siècle, où sa violente modernité paraissait enfin accordée à la période de tempêtes qu'inaugurait alors l'histoire jusqu'à passer aujourd'hui aux yeux de certains, aux yeux de beaucoup, comme le plus grand roman de la littérature américaine.
Moby Dick, qui peut se lire comme le plus formidable des récits d'aventures, est en effet autre chose et bien plus que cela. Car par-delà les tribulations du capitaine Achab lancé a la poursuite de la Baleine blanche se profile une autre quête : celle d'une humanité embarquée de force à bord d'une histoire qui reste pour elle un mystère.
« Force est de constater que, même lorsque les Garrett parvenaient à se réunir, la sauce ne prenait jamais. ».
Anne Tyler raconte comme personne les affaires de familles. Elle transforme la banalité du quotidien en quelque chose d'extraordinaire. Et toujours avec humour et finesse.
Des années 1950 à la pandémie, l'écrivaine brosse un portrait doux-amer de l'Amérique, tissant sur trois générations les tendres cruautés d'une famille de Baltimore.
Voici l'histoire de deux familles dans les dernières années du XXe siècle. L'une, les Kazanci, est turque et vit à Istanbul; la seconde, arménienne, les Tchakhmakhchian, s'est installée à San Francisco après le génocide. Chez les Kazanci, les femmes sont de grandes amoureuses, des hypocondriaques ou des fortes en gueule, et les hommes n'atteignent pas les quarante ans. Chez les Tchakhmakhchian, on est prude, religieux, sans imagination, frileux en tout, excepté Rose qui abandonne son époux pour se remarier avec un. Turc. Lorsque la fille de Rose, Armanouch, se rend à Istanbul pour y rencontrer la famille de son beau-père, elle se lie d'amitié avec la plus jeune des Kazanci, Asya, celle que l'on appelle la "bâtarde". Au cours du séjour d'Armanouch beaucoup de secrets seront mis à nu, et pas des moindres: inceste, rapt d'enfant, identité volée. Un meurtre conclura les révélations. Et la vie continuera.
Elif Shafak est en train de devenir, avec Orhan Pamuk, l'écrivain turc le plus célèbre du monde. Née à Strasbourg en 1971, elle passe son adolescence en Espagne (sa mère est diplomate), avant de partager son temps entre Istanbul et l'Arizona. Tout en bâtissant une oeuvre de premier ordre (six romans à ce jour, dont The Flea Palace que Phébus publiera en 2008), elle mène une carrière de journaliste respectée (notamment comme correspondante régulière du New York Times). Elif Shafak est de tous les combats, ce qui lui vaut des menaces de mort. La Bâtarde d'Istanbul, le premier de ses livres à paraître en français, est déjà un succès aux États-Unis et lui a valu un procès retentissant en Turquie: parce qu'elle ose y aborder le génocide arménien, elle a été accusée d'"atteinte à la dignité de l'État turc".
Avec ses intrigues à foison et ses personnages pour le moins extravagants, La Bâtarde d'Istanbul pose une question essentielle: que sait-on vraiment de ses originesoe Elif Shafak, écrivain engagé et n'utilisant pas la langue de bois, demande à son peuple d'affronter enfin son histoire, en particulier le génocide arménien et le massacre des Kurdes. Elle a le sens du récit, un humour féroce et un talent incontestable pour enchevêtrer la comédie au drame, le présent au passé. La Bâtarde d'Istanbul est donc une réussite romanesque, et un plaidoyer contre l'injustice, la bêtise et la haine.
George Bizet est mort à trente-six ans, sans savoir que Carmen deviendrait l'opéra le plus connu de tous les temps. Le compositeur a docilement passé sa vie à faire ce que l'on attendait de lui, jusqu'à sa rencontre avec une femme libre qui se moque du regard des autres. Cette femme, c'est à la fois Carmen, l'héroïne de son opéra et Célestine Galli-Marié, sa première interprète, dont il tombera follement amoureux.
Les parcours d'Anna et de Cerise n'ont rien de commun.
Promise à une brillante carrière, Anna étudie la photographie à l'université de Washington ; lycéenne, Cerise habite en Californie sous l'emprise totale de sa mère.
Lorsque chacune des jeunes femmes tombe enceinte par accident, Anna avorte, et Cerise garde l'enfant. Dix ans plus tard, ces décisions auront déterminé le cours de leur vie.
D'espoirs en déceptions, de joies en drames, Anna et Cerise, bientôt réunies par le hasard, apprennent à être mères, et à être femmes.
Roman d'une portée universelle et d'une rare force émotionnelle qui raconte le monde au féminin.
Ses Mémoires recueillis jusqu'en 1949 par le grand journaliste de l'entre-deux-guerres Marcel Sauvage, rendent hommage à une personnalité aussi extraordinaire qu'attachante. Quel destin pour Freda Josephine Mac Donald, née à Saint-Louis, aux États-Unis (Missouri), d'une jeune Noire pauvre et célibataire et d'un Blanc inconnu !
Celle qui fut une star célébrée dans le monde entier raconte ici la difficulté de ses premiers pas dans une société ouvertement raciste, son arrivée en France, ses débuts à Paris avec la Revue nègre, son triomphe aux Folies-Bergère, ses amours...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le lieutenant Joséphine s'illustre par son courage : plusieurs fois opérée, elle souffre dans sa chair mais s'engage aux côtés du Général de Gaulle.
Membre des services secrets, elle va risquer sa vie au nom de la liberté. Elle va encourager les soldats dès qu'elle le peut.
Joséphine Baker, chanteuse, danseuse, femme de combat, fondera aussi, aux Milandes, un lieu de bonheur pour les nombreux enfants qu'elle adopte. C'est cette femme exceptionnelle qui se dévoile dans ce livre enfin réédité.
De son passage chez les éclaireuses, Denise Vernay avait retenu une leçon à laquelle elle fut toujours fidèle : « aider les autres le plus possible ». Elle y avait aussi gagné un surnom, Miarka. C'est le pseudonyme qu'elle choisit quand elle entre dans la Résistance.
Elle a alors dix-neuf ans. Elle est la soeur aînée de la future Simone Veil, qui incarnera aux yeux des français le destin singulier de la famille Jacob dans l'histoire de notre pays. Une famille juive laïque, héritière d'une très haute culture en butte avec la barbarie.
A Lyon, Miarka est agente de liaison. A pied ou à bicyclette, elle recueille les demandes de faux-papier, livre le journal du mouvement Franc-Tireur, collecte les informations.Arrêtée le 19 juin 1944, elle subit la torture de la baignoire, mais ne parle pas.
Déportée à Ravensbruck, elle y constitue avec six autres détenues un groupe d'amies solidaires. Seules deux d'entre elles survivront.
Antoine de Meaux dresse le portrait d'une femme d'exception. Il nous offre un document sensible et inspiré :
Une oeuvre de mémoire alors que la haine gagne du terrain.
En 1919, des Japonaises quittent leur pays afin de rejoindre aux Etats-Unis des compatriotes auxquels elles ont été promises. Bercées d'illusions, elles vont endurer de cuisantes déceptions face à des maris brutaux, la xénophobie, un travail harassant, la barrière de la langue. Lors de la Seconde Guerre mondiale, suspectées par le pouvoir, elles sont enfermées dans des camps de concentration.
Anna Klumpke (1846-1942) arrive dans la vie de Rosa Bonheur (1822-1899) en 1889. Elle sert alors d'interprète - Anna Klumpke est américaine - à un admirateur new-yorkais de passage en France. Rosa Bonheur est une peintre si connue aux États-Unis que son tableau Le Marché aux chevaux est accroché au Metropolitan Museum, et l'on offre aux enfants une poupée à son effigie.
Neuf ans après cette première rencontre, A. Klumpke est de retour au château de By, demeure de Rosa. Entre les deux femmes, une profonde affinité se fait jour. Venue pour quelques semaines, Anna finit par rester. Admirative, enthousiaste et attentive, Anna ne doute pas un instant que le monde puisse être fasciné par le témoignage de Rosa Bonheur. Elle en fera une oeuvre littéraire et historique. Tout au long de leurs entretiens, Rosa Bonheur évoque ses origines, sa formation tout autant que sa vie personnelle dont ses années communes avec Nathalie Micas. Il est ici question du féminisme, des droits des femmes, du statut des femmes peintres aussi bien en France qu'outre-Atlantique. Elle évoque la reconnaissance officielle - elle est la première artiste femme à être faite Chevalière de la Légion d'honneur -, le succès de ses toiles sur le marché de l'art lui offrant une indépendance financière.
Il est ici question des personnalités de l'époque qu'elle côtoie et apprécie comme Buffalo Bill, le duc d'Aumale, l'impératrice Eugénie et bien d'autres encore.
Ce livre brosse ainsi le tableau d'une artiste à redécouvrir et dont l'oeuvre s'étend quasiment sur tout le xixe siècle. Natacha Henry assure l'édition révisée de ces entretiens.
Une écrivaine quitte la ville pour se réfugier dans le calme de Bourgogne. Elle tombe amoureuse de Malvoisie, vieille bâtisse en pierre qui l'accueille, avec ses portes qui grincent, son potager et ses rosiers magnifiques.
Mais qui est Antoine, ce mystérieux gardien des lieux qui vient profaner sa solitude ? D'intrus, le retraité devient confident, et le récit de son drame la matière d'un roman.
Celui qui a commis le pire peut-il être aussi le plus délicat des hommes ?
Tiens-toi bien !, récit littéraire à caractère intime, raconte une vie de femme artiste, libre et irrévérencieuse. Sally Mann a lutté contre la censure du puritanisme américain des Trente Glorieuses et a célébré la liberté d'expression. Depuis le succès de la rétrospective Sally Mann au Musée du Jeu de Paume, on connaissait la photographe, on découvre l'écrivaine.
Ce texte autobiographique richement illustré par les photos de l'artiste et des archives personnelles inédites, célèbre, entre autres, les thèmes de l'éco-féminisme, du nature-writing, de la famille et de l'enfance en liberté. On découvrira une existence inspirante racontée par une plume sensible, littéraire et narrative. On pense à Just Kids de Patti Smith (verbatim en bande du livre), aux récits de Joan Didion. Véritable best-seller aux États-Unis avec plus de 100 000 exemplaires vendus, Tiens-toi bien ! est le premier livre de texte traduit en France de cette artiste protéiforme d'exception.
Micah Mortimer, la petite quarantaine routinière, coule des jours heureux dans un quartier tranquille de Baltimore. En voiture, au travail ou avec sa petite amie, il ne dévie jamais de sa route toute tracée - jusqu'au jour où il trouve Brink Adams qui l'attend sur le pas de sa porte.
Car l'adolescent fugueur en est sûr, Micah est son père biologique... Pour l'homme qui aimait ses habitudes, cette seconde chance sonne comme une malédiction.
Prix Pulitzer, finaliste du Booker Prize, Anne Tyler est une figure majeure des lettres américaines, dont le style irrésistible et piquant fait encore une fois des merveilles, ici.
Une jeune fille passe son bac à la veille du 18 juin 1940 et décide d'aller rejoindre de Gaulle à Londres. La voici engagée à dix-neuf ans dans le Corps féminin des Forces françaises libres. Cinq années de guerre, dont quatre sous le Blitz, années pendant lesquelles elle tient scrupuleusement son journal intime - ici publié tel qu'il a été écrit sous la seule dictée de l'instant. Autour d'elle. des hommes et des femmes s'aperçoivent que " résister " ne va jamais de soi. Elle-même observe, découvre le monde des adultes. Elle fait face avec les moyens de son âge, mais surtout avec la force de son caractère - et celle de son regard. Car d'emblée, elle a pris le parti le plus exigeant : celui de la lucidité. Naïve parfois, impudique par souci de ne pas tricher, clairvoyante surtout. Tereska Torrès livre la chronique d'un moment-clé de l'aventure de ce siècle. Un classique parmi les témoignages sur la dernière guerre.
Les habitués du bistro Le Cran d'Arrêt, brochette de personnalités toutes aussi touchantes et attachantes les unes que les autres, trouvent refuge dans ce rade déshérité, en marge de la grande ville. Les pluies diluviennes, la gadoue, l'absurdité de leur condition, tout concoure à leur exclusion.
Mais demeure le plus important : l'humanité en partage. Leur rendez-vous quotidien en est la célébration. Réunis autour de Comdinitch, le raconteur d'histoires insensées, ils rient, pleurent, s'entraident.
Une comédie douce-amère portée par un style oral autant virtuose que tendre. On respire une ambiance aux influences diverses : Jean-Pierre Jeunet, Simenon, Céline, Beckett, Lemaitre... Un premier roman teinté de noir qui rend hommage à la langue française et célèbre l'altérité et la différence.
Plus qu'une surprise, un vrai coup de canon : le roman mythique de Dumas dont on n'avait jamais retrouvé le texte (à l'exception de trois chapitres mis au jour naguère) sort enfin de l'ombre! Claude Schopp, après une vie de traque, a réussi à mettre la main sur le texte complet du feuilleton (1869) que le romancier n'avait pas eu le temps de publier pour la librairie avant de rendre l'âme (en 1870). Et il s'agit d'un roman-clé, puisqu'il prend place à la fin de la fameuse trilogie révolutionnaire entamée avec Les Compagnons de Jéhu et poursuivie avec Les Blancs et les Bleus... juste avant Le Comte de Monte-Cristo - avec lequel il entretient, au reste, d'étroites affinités. Là encore le moteur de l'action est une entreprise de vengeance... un leitmotiv qui a toujours permis au romancier de chauffer à blanc les aventures auxquelles il tenait le plus. Son « chevalier » aura donc droit à tout : aux persécutions de Fouché, à l'errance d'un champ de bataille à l'autre de l'épopée napoléonienne, à un face à face avec Nelson au fort de la bataille de Trafalgar (il aurait tenu le fameux mousquet qui...), à force mésaventures à Rome puis à Naples, à croiser la route du fameux Fra Diavolo et des plus remarquables bandits de la Péninsule... sans oublier telles rencontres avec Joséphine, Talleyrand, le duc d'Enghien ou le terroriste Cadoudal... N'en jetons plus. Il est clair qu'à l'instant de quitter la scène, le divin Alexandre a voulu lancer toutes ses forces dans la mêlée... qui s'en plaindrait oe
Nombreux sont aujourd'hui ceux qui considèrent Smara (1932) de Michel Vieuchange comme « le » livre unique parmi ceux qui ont été écrits sur le désert. Un livre pour ainsi dire arraché à la fournaise et aux sables par un garçon de vingt-six ans parti se brûler les ailes dans la zone interdite de l'El-Gaada mauritanien. Un livre qui fascina des esprits aussi divers que Claudel, Massignon, Cocteau ou Théodore Monod.
Mais sur l'auteur de ce livre, Michel Vieuchange (1904-1930), avouons qu'on savait peu de chose. Antoine de Meaux, donc ce sont ici les débuts en littérature, se garde bien tant mieux de re-raconter l'incroyable aventure de Vieuchange au désert (Smara suffit à cela). Ayant eu accès aux archives de la famille et à nombre de documents étonnants, il parvient à nous faire revivre comme de l'intérieur l'itinéraire de ce garçon de bonne famille, promis à ce qu'on appelle un bel avenir, et qui choisit délibérément de se soumettre à l'épreuve du pire.
Car les photos sont là : en l'espace de quelques saisons, le jeune homme bien élevé, cravaté, plein de santé, se transmue d'impossible façon en une sorte de démon ou d'archange, ravagé par l'incendie intérieur, dardant sur le monde un regard de foudre. D'une image à l'autre, que s'était-il donc passé ?
C'est à cette question qu'a voulu répondre le livre d'Antoine de Meaux, qui se garde bien de re -raconter par le détail l'aventure du voyage à Smara (si bien que le récit de Vieuchange et le sien jamais ne se chevauchent) :
« J'ai souhaité rassembler les éléments épars de cette vie, tâcher de comprendre ce que Michel avait tenté de nous dire en allant se perdre au désert. J'ai été au Maroc, au cimetière d'Agadir où il repose, et jusqu'à Smara. Ma biographie est en fait une sorte de pèlerinage, entre quête et enquête, un cheminement vers ce prodigieux visage de la fin que le temps risquait d'effacer de nos mémoires, et dont j'étais convaincu qu'il avait un secret à révéler. » Une seule certitude en tout cas : les lecteurs de Smara ne seront pas déçus par ce nouveau voyage.
Le texte le plus intime et personnel de Franck Bouysse. Un récit fait de textes en prose alternant avec des poèmes en vers et des photos de l'artiste qui racontent son arrière-pays d'écriture : sa Corrèze quotidienne depuis son enfance. Une portait du territoire d'inspiration qui a façonné son imaginaire et ses romans. On y retrouve toute l'authenticité et l'ambiance claire obscure de sa littérature, ainsi que ses personnages, et ses décors naturels. De l'émotion à l'état pur.
Une jeune mère tombe en dépression grave et accepte de se faire soigner selon une méthode nouvelle: une "cure de repos" d'un genre radical, qui s'apparente en fait à une séquestration pure et simple. L'idée du mari médecin: après un régime de privation si draconien, la femme livrée à des idées d'émancipation n'aura qu'une idée... échapper à sa prison pour retrouver enfin une vie "normale" et les doux plaisirs du foyer. Cependant, l'héroïne de La Séquestrée- ainsi qu'avait fait l'auteur avant elle - ne réagit pas comme l'avait prévu la Faculté. Enfermée dans une chambre tapissée de jaune où elle n'a d'autre loisir que de se vautrer sur le lit qu'on lui a préparé à même le sol, ou de se casser les ongles contre une porte fermée à clé derrière laquelle le mari veille, elle s'enfonce dans l'étrange régression qu'induit cette situation inédite... mais pour mieux se convaincre que celle-ci ne diffère en rien de celle que la société a voulue pour elle.