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Rédigé en 1960, ce petit texte visionnaire, d'une grande portée spirituelle et philosophique, parle davantage encore à l'homme contemporain qu'à celui du milieu des « Trente Glorieuses ». Bernard Charbonneau y analyse l'importance du temps et du lieu sur la possibilité laissée à l'homme - ou conquise par lui - d'être libre ; l'ubiquité, l'accélération du temps, la contraction de l'espace, la démultiplication des sollicitations extérieures, la simultanéité, la perte dangereuse d'intérêt envers l'histoire et la géographie, la fuite hors de soi, sont autant de thèmes extrêmement contemporains abordés par ce livre inspiré au souffle fort dont la lecture redonne sa valeur au mot-clé des écrits et de la vie de Bernard Charbonneau : liberté.
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Aux Sources de l'écologie politique : le personnalisme "gascon" de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul
Christian Roy
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- 5 Mars 2025
- 9791096562688
Cet article important (et primé) de Christian Roy, écrit originellement dans les années 1990, puis réactualisé en 2024, est la première généalogie historique et philosophique précise et complète du courant de pensée original qu'initièrent Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, de leur jeunesse à leur grand âge. Il réhabilite leurs figures comme véritables pères fondateurs de l'écologie politique française.
« Qui dit "ni droite ni gauche" est de droite. » Parmi les Nouveaux lieux communs dont Jacques Ellul a fait l'exégèse dans un livre paru en 1966, celui-ci a trouvé depuis quelques années une caution historique dans les travaux de Zeev Sternhell. Ce dernier n'hésite pas à classer sous ce vocable ces « non-conformistes des années 30 » dont la « tentative de renouvellement de la pensée politique française » a fait l'objet d'une étude classique par Jean-Louis Loubet del Bayle.
Pourtant, quelles qu'aient été leurs origines idéologiques, ces groupes de jeunes réunis autour de petites revues s'entendaient pour mettre en question - et parfois rejeter entièrement - les catégories politiques traditionnelles telles que « droite » et « gauche », tant sous leurs formes parlementaires que totalitaires, pour rechercher au-delà des regroupements partisans de nouvelles voies révolutionnaires qui aillent à la racine de l'aliénation de l'homme moderne.
Ce texte est accompagné d'un entretien inédit en France de l'auteur avec Jacques Ellul, ainsi que d'un court article de l'auteur présentant la pensée de Bernard Charbonneau. -
Texte faisant partie des Ecrits de Londres, écrit à la même période que l'Enracinement, La Personne et le Sacré prend son origine dans le mot de « personne » qui avait fondé le courant personnaliste autour d'Emmanuel Mounier et que Simone Weil trouve impropre. Mais ce texte est bien plus qu'une querelle sémantique : il devient tout de suite méditation philosophique lumineuse et de très grande importance (jusque-là sous-estimée) sur les notions de droit, de démocratie, de justice, de mal et de beauté. Prenant à contrepied le personnalisme chrétien en affirmant que « Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c'est ce qui, dans un être humain, est impersonnel », Simone Weil se livre à un plaidoyer d'une rare justesse pour ce qui fonde l'être humain en dehors de toute collectivité ou institution. Un texte capital pour approfondir l'oeuvre de Simone Weil et qui saura parler à tout lecteur qui recherche une clarté pure, exigeante et dénuée de tout artifice sur des thèmes intemporels.
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Teilhard de Chardin, Prophète d'un âge totalitaire : Sur la voie du transhumanisme
Bernard Charbonneau
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- 15 Janvier 2025
- 9791096562671
Bernard Charbonneau, l'un « des génies méconnus de ce temps », selon son ami Jacques Ellul, a peut-être écrit avec le Teilhard, en visionnaire qu'il a toujours été, l'une des premières critiques du transhumanisme.
On crédite en effet désormais le père Teilhard comme l'un des inspirateurs de ce mouvement techno-philosophico-scientifique, qui le revendique souvent comme influence majeure.
Dans ce pamphlet incisif et perspicace, Charbonneau critique le fondement même des théories de Teilhard sur l'évolution, la place de l'homme dans la société et même ses conclusions théologiques.
Il considère en effet celles-ci comme le témoin de l'hubris de son auteur mais aussi - critique récurrente qu'il formulera contre le christianisme de son grand ami Ellul - comme une résultante de l'ambiguïté fondamentale du christianisme sur ce sujet.
Une oeuvre capitale dans l'histoire de la pensée, qui n'a jamais été aussi importante qu'aujourd'hui, à présent que le transhumanisme a dépassé le stade des théories pour gagner celui des applications technico-pratiques. -
Je fus, que son ami Jacques Ellul tenait « pour un des seuls livres fondamentaux sur la liberté », est l'oeuvre de philosophie existentielle majeure de Bernard Charbonneau. Cet Essai sur la liberté, véritable odyssée intellectuelle et sensible d'une liberté incarnée, à laquelle Bernard Charbonneau donne corps, sang, chair, esprit et style d'une manière incomparable, s'articule autour de l'autre concept central de sa pensée : la nature. Imprégné des intuitions de ses maîtres (Montaigne, Pascal, Kierkegaard, Nietzsche), Charbonneau explore le concept de liberté sous toutes ses formes ; la sienne est une liberté forcément tragique (« le plus dur des devoirs ») qu'il oppose au « mensonge de la liberté » et à tous ses avatars idéologiques, technoscientifiques ou consuméristes. Un livre indispensable pour quiconque cherche à être vraiment libre, c'est-à-dire à interroger les conditions de possibilité de sa propre liberté - et surtout à la vivre, ici et maintenant.
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Ce livre relate l'histoire de la communauté originale vouée à la non-violence, au travail manuel et à la vie spirituelle que créa Lanza del Vasto, penseur et poète chrétien précurseur des mouvements du retour à la nature inspiré par Gandhi (qui le surnomma « Shantidas », serviteur de la paix), au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Si les débuts de la Communauté de l'Arche en Saintonge furent laborieux (l'apprenti patriarche peinant à rassembler ses premiers compagnons), de Tournier à Tourrettes-sur-loup, puis à Bollène et enfin à la Borie-Noble, elle finit par se structurer et connaître un bel essor, portant un témoignage précieux irremplaçable de « vie philosophique » et participant à de multiples actions en faveur de la justice et de la paix, du dialogue interculturel, de l'écologie, et servant de catalyseur à de nombreux mouvements de la deuxième moitié du XXe siècle. -
Le livre des quatre-vingts poétesses
Giorgio Anelli, Davide Brullo, Cristina Campo
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- 5 Novembre 2024
- 9791096562619
Voici pour la première fois en français l'anthologie de quatre-vingts poétesses composé par la grande Cristina Campo. Son idée était aussi simple que formidable : construire « une anthologie jamais réalisée auparavant des pages les plus pures écrites par la main des femmes à travers les âges ». Le livre, qui rassemble aussi bien des poèmes du Japon médiéval que des lettres de l'aristocratie française dorée du XVIIe siècle, des vers de la Grèce classique que des vers de l'Italie de la Renaissance, ne sera finalement jamais publié de son vivant, mais ce n'est que pour mieux apprécier sa compétence et la beauté de ses choix aujourd'hui. Cristina Campo y fait entre autres briller Sappho, Simone Weil, la princesse byzantine Anne Commène, Catherine de Sienne, mademoiselle Aïssé, Gaspara Stampa, Jane Austen, Marie de France, Murasaki Shikibu, les soeurs Brontë, Alejandra Pizarnik, Li Qingzhao, Al-Khansa... Le choix opéré construit une anthologie ou la malice côtoie le mysticisme, la chair son renoncement, le potin la révélation, l'amertume le septième ciel. Cette édition est basée sur ce canon et est construite comme une sorte de bréviaire en hommage à Cristina Campo, figure aussi insaisissable qu'incontournable de la littérature italienne.
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Byung-Chul Han poursuit dans ce livre capital son analyse alarmante d'une société sur le point de s'effondrer, débutée dans La Société de la fatigue. Se concentrant sur la relation entre violence et individualité, il montre que malgré la thèse répandue selon laquelle la violence aurait été éradiquée de nos sociétés modernes, elle a seulement changé de forme pour opérer plus subtilement. S'appuyant sur Freud, Benjamin, Schmitt, Sennett, Girard, Agamben, Deleuze, Foucault, Bourdieu ou encore Heidegger, Han étudie les formes classiques de la violence issues de la négativité - la violence archaïque du sacrifice et du sang, la violence virale du terrorisme, la violence verbale des paroles blessantes - avant d'analyser la violence nouvelle, issue de la positivité, et qui se manifeste par le sur-accomplissement, la sur-production, l'hyper-communication, ou l'hyper-activité - et qui n'est pas moins dangereuse pour l'individu qui souhaite être libre.
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Si l'oeuvre romanesque d'Ernesto Sabato est, avec le Tunnel, Héros et tombes et L'Ange des ténèbres, un miroir déchiré sur les abîmes de l'âme, ses essais constituent sans aucun doute une enquête obsessionnelle sur le dilemme du bien et du mal : ce face-à-face avec les fantômes, le destin, la cécité et la mort.
Recueil d'idées, de réflexions, d'anecdotes et d'aphorismes pénétrants portant sur des sujets aussi variés que la nature des hommes, la science, le sommeil, la philosophie de l'histoire, l'athéisme, Pascal, la civilisation, le langage, Stendhal, Flaubert, le marxisme, Poe, les romans policiers, la misogynie, le pluralisme, la solitude, les liens entre littérature et métaphysique ou encore Paul Valéry..., Hétérodoxie, qui est le dernier grand inédit du maître argentin en français, peut être lue comme sa première autobiographie spirituelle.
Ce petit livre intemporel qui fourmille de réflexions, remarques et anecdotes n'a rien perdu de sa sagacité : la préoccupation constante de Sabato pour qui voit son univers vidé de sens par les technocrates et autres charlatans fait qu'il conserve aujourd'hui toute sa force et son (apocalyptique) pertinence. -
La propriete c'est l'envol : essai sur la bonne et la mauvaise propriété
Bernard Charbonneau
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- 17 Novembre 2023
- 9791096562503
Les logiques glacées et abstraites du Capital, de l'État, de la Science et de la Technique convergent pour nous exproprier d'un rapport au monde personnel et durable. Penseur de la liberté incarnée, Bernard Charbonneau décrit dans cet inédit de premier plan la mise en place progressive d'un monde dans lequel, n'ayant plus rien à s'approprier, l'homme ne possédera bientôt plus rien en propre qu'un matricule. Pour lutter contre cette funeste perspective, il défend la possession, qu'elle soit personnelle, familiale ou communautaire, qui permet à la liberté de s'ancrer dans le réel. Certes, à première vue la propriété semble l'obstacle à la liberté : à la disponibilité, au mouvement, au don. Ce serait vrai si l'homme n'était qu'un pur esprit. Mais si la liberté des anges et des saints peut se passer de propriété, celle du commun des mortels dépend de l'appropriation par quoi un peu d'esprit passe dans les choses et y laisse sa trace. Pour être un homme libre il me faut ma maison, un territoire où je puisse déployer en sûreté une activité à ma mesure. Retraçant l'histoire de la propriété et de l'expropriation à travers les âges (antique, paysanne, puis bourgeoise et capitaliste, sans oublier ses développements religieux ou idéologiques, ou sa compréhension par Marx ou Proudhon), Charbonneau offre dans son style inimitable un panorama passionnant et des pistes de réflexion inédites et nuancées sur ce concept sans lequel la liberté n'est qu'un vain mot.
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Maria Zambrano a toujours eu envie d'écrire sur Sénèque l'Andalou. Pour elle, Sénèque n'était pas qu'un philosophe, c'était un lieu de retour, une retraite, un refuge. Parce qu'en fin de compte, nous revenons toujours chez nous, elle nous offre ici une magnifique déambulation dans l'oeuvre du philosophe latin. Sénèque n'est pas un systématique ; la logique et la métaphysique n'ont pas d'importance pour lui. Ce qui compte, c'est la pensée tout entière orientée vers la réalisation d'une « vie bonne ». Pour Maria Zambrano, il représente un modèle d'"adoucissement" de la raison, une raison médiatrice entre espoir et désespoir, une raison au service de la vie, qui est une consolation et un remède à notre impuissance face à notre condition mortelle et notre soumission à des puissances envahissantes. La maîtrise de soi, la paix, la tranquillité d'esprit, la vie retirée, la résignation, la séparation d'avec les passions du vulgaire, l'amitié, la clémence, sont quelques-unes des notions importantes du projet sénéquéen, qui font de la philosophie du sage cordouan une philosophie sans cesse vivante. Pour la réactualiser, Maria Zambrano commente des extraits choisis de son oeuvre avec une pertinence, une vivacité et une acuité intellectuelles à travers lesquelles percent l'enthousiasme.
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L'Anthologie classique (le Shijing) rassemble les 305 poèmes - chansons populaires, odes pour les cérémonies de cour, odes religieuses -sélectionnés et ordonnés, selon la tradition, par Confucius (551-479 av. J.-C.), dont la doctrine politique et sociale fut érigée en religion d'Etat et marqua profondément la civilisation chinoise. Ezra Pound voyait dans le confucianisme un véritable "code de la vie" et une possibilité de renouvellement pour l'Occident. Après Les Entretiens de Confucius (ou Analectes), le poète américain traduit donc les odes confucéennes au temps de sa détention à l'hôpital St. Elizabeth's. Sa connaissance du chinois peut sembler rudimentaire : il suit l'enseignement de son maître Fenollosa, et ses solutions ne sont pas exemptes de fantaisie. Toutefois, Pound accorde une importance particulière au travail de traduction et voit dans la concordance des langues un critère majeur de civilisation. Il préfère par conséquent toujours la restitution d'une inflexion vivante au strict respect de la syntaxe. Une approche non conventionnelle mais efficace, qu'avait remarquée Simon Leys : "Pound ne savait guère le chinois ; ses interprétations sont quelquefois loufoques... mais Pound a fait preuve d'une infaillible intuition des rythmes de l'original... son oreille ne se trompe jamais, et dans ce domaine il nous administre une leçon exemplaire."
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Face aux défis technologiques et écologiques : l'éthique de Bernard Charbonneau et Jacques Ellul
Frédéric Rognon
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- 19 Janvier 2024
- 9791096562565
Près de trente ans après leur mort, Jacques Ellul (1912-1994) et Bernard Charbonneau (1910-1996) commencent enfin à bénéficier d'une reconnaissance dont ils ont été privés de leur vivant. Leurs innovations conceptuelles (« engagement dégagé », « non-puissance », « Grande Mue », « nature et liberté »...) sont des ressources inégalées pour affronter les défis du présent. Mais il est une dimension de leur pensée qui n'a pas encore reçu l'attention qu'elle mérite : leur témoignage et leurs propositions d'ordre proprement éthique. Car les deux amis étaient loin de réduire leur vie à la recherche théorique et à l'écriture. Méconnus, leurs engagements témoignent de fermes convictions, et surtout du souci d'assurer une cohérence entre leur pensée et leur existence concrète. Aussi nous ont-ils transmis des pistes de réflexion et d'action susceptibles d'orienter, non seulement nos propres recherches, mais nos choix de vie. C'est cette lacune que le présent volume cherche à combler : éthique de la liberté, éthique de la limite, éthique de l'engagement dégagé, éthique de la résistance sont ici mises en lumière, parfois appuyés par des témoignages de première main, tout en gardant le souci d'honorer la « pensée commune » aux deux Gascons. Le tout pour passer de la dénonciation des impostures de notre temps à la proposition de styles de vie créateurs, incarnés voire radicaux que notre époque des défis écologiques et technologiques inégalés rend nécessaire.
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Ernesto Sabato s'est toujours élevé contre le dogmatisme et l'endoctrinement idéologique, dont rien de bon n'est jamais sorti. Dans un monde où les valeurs spirituelles et humanistes s'écroulent, soumises à la propagande constante (des partis politiques, des médias, des idéologues en tout genre), où l'intimidation et l'anathémisation remplacent le dialogue et la justice, où le dogme remplace la recherche de la vérité, où la technique remplace la pensée, Sabato rappelle inlassablement dans ces deux petits essais, prenant comme point de départ son Argentine, qui a connu tant de vicissitudes idéologiques et dictatoriales, le rôle primordial et immuable de toute éducation humaniste, libérale et démocratique : apprendre à penser par soi-même pour être libre. Contre les fanatiques et les dogmatiques de tout bord, il propose également sa vision de ce que devrait être une éducation qui viserait à atteindre réellement ce but.
Un texte intemporel, fin et évocateur pour remettre les idées à l'endroit dans toute démocratie qui se respecte. -
Les incandescentes : Cristina Campo, Simone Weil, Maria Zambrano
Elisabeth Bart
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- Du Rouge Et Du Noir
- 5 Mai 2023
- 9791096562497
Elles ont brûlé, dans les ténèbres du XXe siècle cette longue nuit de guerres, de totalitarismes, de barbarie où nous errons encore, de leur désir de vérité et de cette volonté qui consiste à aimer inconditionnellement. Trois femmes, trois voix qui s'entrelacent sans le savoir en une seule flamme dans la nuit ou le Verbe se fait silence, dans trois langues vivantes et soeurs, le français, l'italien, l'espagnol. Si différentes dans leur absolue singularité, elles se ressemblent, toutes trois de la lignée d'Antigone, éminente figure du sacrifice, de l'offrande sans concession, de l'amour sans conditions, du moi consumé pour accéder à l'être, sans lesquels il n'est pas de révolte authentique. Dans le temps de vie qui leur fut imparti, brève et fulgurante trajectoire de Simone Weil (1909-1943), morte à trente-quatre ans, longue vie de María Zambrano (1904-1991) du début à la fin du siècle, parcours orienté dès la naissance par la maladie pour Cristina Campo (1923-1977) qui ne connut pas la vieillesse, elles ont eu cette capacité si rare de transformer leur vie en destin. Chacune de ces femmes laisse entendre une voix singulière, libérée de la pesanteur, d'une extraordinaire pureté, voix monacale, dépouillée comme le chant grégorien de Simone Weil, voix transparente aux mythes et aux rites de Cristina Campo, voix où bruissent les fleuves de l'exil, charriant les douleurs et les pleurs secrets de María Zambrano.
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Le monde du condamné à mort : sur Albert Camus
Rachel Bespaloff
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- Ars Longa, Vita Brevis
- 1 Mars 2024
- 9791096562596
À partir de quelques grandes oeuvres de Camus (principalement La Peste, Caligula et le Malentendu), Rachel Bespaloff propose dans ce petit livre une réflexion existentielle pleine de finesse et de profondeur sur la mort et l'existence. Analysant les grands thèmes de l'oeuvre de Camus (la question centrale de la liberté dans un monde sans transcendance, celle de la volonté de puissance, héritée d'un dialogue fécond avec Nietzsche, la question de la sainteté dans un monde sans Dieu, le mal et l'extériorisation du mal) en les mettant en regard avec les dévoiements des pensées de Nietzsche et de Marx, réifiées et systématisées, ainsi qu'avec la révolte et l'énergie romantiques tels qu'elles ont pu être traduites par Stendhal et Balzac, elle rend hommage à la probité et au talent artistique d'un classique français imprégné de latinité et d'hellénité qui a su rendre palpable le passage du monde romantique au monde moderne, du siècle de Satan au siècle de Sisyphe.
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Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne
Charles Péguy
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- 2 Février 2024
- 9791096562572
Écrit exceptionnel de Charles Péguy, la note sur M. Descartes parle cependant de tout sauf de René Descartes. Le grand philosophe n'est en effet que le prétexte introductif à un voyage à travers les méandres clairs et sinueux si caractéristique de la pensée de Péguy, et notamment ses thèmes fétiches : la pensée de Bergson, grand penseur du temps ; le Juif et le Chrétien ; le catholicisme ; l'écriture et le durcissement de la pensée ; la Grâce et la Sainteté. Ces dernières sont au coeur de l'ouvrage : Péguy ne se lasse pas, dans des réflexions d'une force rigoureuse et d'un lyrisme tenu, d'analyser à travers elles de grandes figures comme le Polyeucte de Corneille, Saint-Louis et Jeanne d'Arc ; mais aussi de revenir en longueur sur la chevalerie française, la royauté, l'Histoire de France. À travers ces cheminements si pleins d'une nécessité qui lui est propre, Péguy revient ensuite longuement sur la sainteté de Jésus, sur l'avilissement du monde moderne, l'épargne, l'avarice et même les fonctionnaires et la retraite. Un livre d'un charme, d'une profondeur et d'une fascination infinies, dans lequel s'épanouit le meilleur de Péguy.
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Dans ce petit opuscule paru en 1933, Berdiaeff réfléchit à ce qui est pour lui « la plus grande révolution, voire la plus terrible de toute l'histoire humaine », l'apparition de la machine et son corolaire conceptuel qu'est la technique. Petite méditation profonde et originale, à la langue élégante, ce texte est l'occasion pour Berdiaeff de poser le problème de la technique sous les angles métaphysiques et sociologiques, d'affirmer que le monde moderne ne permettra de revenir en arrière, comme l'ont cru les romantiques, et de voir en elle une nouvelle réalité, réalité paradoxale non dépourvue de danger pour l'individu comme pour l'âme.
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Les lettres que Cristina Campo a écrites à María Zambrano entre 1961 et 1975 nous permettent de découvrir un sommet de l'écriture épistolaire campienne et constituent sans aucun doute une clé d'accès indispensable pour une connaissance authentique de la vie et de l'oeuvre de deux des plus importantes figures féminines du XXe siècle. Quotidien, joie, poésie, écriture, amis, livres, liturgie, prière, distance et nostalgie, (dans la fidélité à la confiance et à la tendresse, la douleur, l'espérance, « ce qui rend possible l'attente indéfinie d'un miracle » : tout cela Cristina Campo confie à son amie lointaine, qui le transfigurera au centre de ses recherches philosophiques dans la figure aurorale de la flamme, le petit traité inépuisable que María Zambrano dédia en 1977 à la mémoire de Vittoria-Costina.
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Résister au totalitarisme industriel : actualité de la pensée de Bernard Charbonneau
Bernard Charbonneau
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- 19 Mai 2022
- 9791096562398
Dès les années 1930, Bernard Charbonneau acquiert la conviction que le XX° siècle serait à la fois celui du saccage de la nature et celui du totalitarisme. En effet « le régime totalitaire pourrait se définir comme un brusque accomplissement des virtualités sociales de la technique » (L'Etat). La course aveugle au développement industriel et technoscientifique engendre une désorganisation environnementale et sociale et des crises d'une gravité croissante. Le seul moyen d'éviter le chaos qui s'annonce sera alors de procéder à une réorganisation en profondeur de la vie économique et sociale, et pour cela il faudra exercer un contrôle rigoureux des activités humaines et des territoires qui ne laisse rien de côté. La préservation du taux d'oxygène nécessaire à la vie ne pourra être assurée qu'en sacrifiant cet autre fluide vital : la liberté.
L'émergence de la problématique écologiste nous permettra-t-elle de résister aux tendances totalitaires du système techno-industriel ? -
L'empêchement de la littérature : sur la liberté d'expression et de pensée
George Orwell
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- 10 Juillet 2020
- 9791096562152
L'Orwell essayiste a écrit de très nombreux essais, la plupart parus dans la presse de l'époque. Peu cependant traitent directement de la liberté d'expression et de pensée, thèmes chers s'il en est à l'auteur de La Ferme des Animaux et de 1984. Dans ce petit texte offensif, prononcé à l'occasion d'un événement en faveur de la liberté de la presse, Orwell s'insurge contre les discussions sur le sexe des anges quand elles ne sont pas de franches louanges envers le communisme soviétique et l'URSS. Il se livre ensuite à un plaidoyer prémonitoire et lucide sur la nature du totalitarisme et ses rapports avec la liberté d'expression, les écrivains et la littérature en tant que telle - la littérature avait en effet toujours été la passion d'Orwell, qui n'écrirait 1984 que quelques années plus tard. C'est dans ce texte qu'il faut lire la défense qu'en fait Orwell, dans des termes et au moyen d'analyses qui n'ont rien perdu de leur pertinence aujourd'hui.
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Dans ce petit pamphlet primesautier, Stendhal critique avec ironie et légèreté la prétention des industriels à se faire passer pour des hommes admirables et bienfaiteurs de l'humanité, et l'injonction qu'ils nous font de les reconnaître tels.
Stendhal rappelle qu'au contraire, les seuls hommes admirables sont ceux qui, au-delà de tout calcul, conservent leur intégrité morale et sacrifient leurs intérêts à une cause supérieure - qu'ils soient célèbres comme Byron, Lamartine ou La Fayette, ou inconnus comme tant d'anonymes admirables.
S'il visait alors Saint-Simon, le parallèle avec les grands capitaines d'industrie d'aujourd'hui (d'Elon Musk à Jeff Bezos en passant par Mark Zuckerberg) est si frappant qu'il fait de ce petit texte une friandise délicieuse, éclairante et rafraichissante. -
C'est avec le Grand Inquisiteur que Nicolas Berdiaeff a formé sa conscience d'homme et de philosophe. C'est pour cela qu'il a été peu à peu amené à lui consacrer un livre qui est à la fois une exploration de la conception du monde de Dostoievski, et la conception du monde selon Berdiaeff lui-même.
L'homme, la liberté, le Mal, l'Amour, la Révolution et le Socialisme, la Russie, sont les thèmes qui constituent les chapitres de ce livre.
L'esprit de Dostoïevski est animé d'un souffle prophétique que rien n'est venu démentir. -
Paru de manière posthume, resté de manière bien inexplicable en marge par rapport au reste de l'oeuvre de Drieu, ce texte est pourtant d'une importance capitale pour saisir Drieu et son destin. Confession d'une sincérité désarmante et d'une qualité littéraire indubitable, Récit Secret joue un grand rôle dans le mythe littéraire qu'ont construit ses admirateurs. Mettant le suicide (dont il aura beaucoup parlé, notamment dans son court roman le plus connu, Le Feu Follet) au premier plan de son oeuvre comme de sa vie, Drieu semble anticiper un destin qui, selon lui, n'a fait que l'attendre. Calme, méditatif voire résigné, se plaçant au-dessus de la politique, même si l'on ne peut faire abstraction des circonstances dans lesquelles Drieu l'écrivit, ce récit est une magnifique porte d'entrée pour ceux que son oeuvre effarouche injustement encore, comme pour ceux qui voudront connaître un Drieu plus intime, connaître le dernier Drieu.